Le 10 juin 1875, le tribunal de première instance de la Seine a ordonné des enquêtes à l’effet de constater l’absence de deux hommes, Léon Briquet, disparu depuis 1868, et Justin Jean Baptiste Waroquier, disparu de son domicile, à Paris, le 21 mai 1871. Ces deux jugements ont été publiés, parmi beaucoup d’autres, par le Journal officiel le 13 août 1875. Sous le titre « Absents civils Jugements préparatoires ».
Treize mois plus tard, le même tribunal déclarait l’absence de Justin Jean Baptiste Waroquier, dans un « Jugement définitif » et l’annonce en était publiée dans le Journal officiel le 18 septembre 1876.
De nombreuses disparitions, plus ou moins anciennes, apparaissent ainsi au fil des pages de ce journal. Un de mes correspondants m’en envoie de temps à autre. Certaines sont, à n’en pas douter, des disparitions dues au massacre de masse de mai 1871. La plupart n’en sont pas (question de dates), d’une part, et d’autre part on ne peut pas espérer trouver ainsi toutes les disparitions dues à ce massacre (question de nombre). Pourtant, me signale cette fois mon correspondant, il y a un Warocquier dans « ma » Semaine sanglante. Plus précisément, dans la postface ajoutée à partir du deuxième tirage de ce livre.
La graphie n’est pas tout à fait la même, celui-ci a un « c », les prénoms non plus mais ils se ressemblent Justin Jean Baptiste ou Jean Baptiste Joseph, — ce pourraient être des erreurs, ce n’est pas ce qui manque dans les actes d’état civil. Jean Baptiste Joseph Warocquier est arrivé dans mon livre par hasard. Maxime Jourdan est allé aux archives de la préfecture de police voir les registres de la morgue, la personne qui nous intéressait était un nommé Dufil, et j’ai déjà raconté cette histoire dans un article de juin 2021. Jean Baptiste Joseph Warocquier, ou en tout cas son corps, était à la morgue, et on le retrouvait, voisin de Dufil, dans les actes de décès du quatrième arrondissement, et d’ailleurs le beau-père de Dufil, qui était allé déclarer la mort de son gendre, a servi de témoin pour l’acte de Jean Baptiste Joseph Warocquier. Que voici:
J’avais quand même un petit doute sur l’identification des deux Waro(c)quier. À la suite des jugements mentionnés par le Journal officiel, il devait y avoir des actes de décès. Tardifs, comme ceux que j’ai cités à propos d’Anne Boudant (cet article et les deux suivants). Alors j’ai cherché…
À suivre
Merci à Maxime Jourdan, toujours, et ici à Pierre Baudrier. Le livre cité est, bien sûr
Audin (Michèle), La Semaine sanglante. Mai 1871, Légendes et comptes, Libertalia (2021)
et l’acte de décès vient des archives de Paris.
