À la recherche d’un acte de décès concernant un Justin Jean Baptiste Waroquier, établi en 1876 ou 1877, j’ai consulté les registres décennaux aux archives de Paris. Et je l’ai trouvé. Ni dans le quatrième (où était la morgue et où l’acte de décès de Jean Baptiste Joseph Warocquier a été établi, voir l’article précédent), ni dans le onzième (où habitait ledit Warocquier), mais dans le quatorzième. J’ai ainsi pu aller lire, dans le dossier des décès, l’acte du jugement et l’acte de décès. Le voici, ce jugement:
Monsieur Louis Philippe Albert Désiré Waroquier, employé à l’administration centrale de l’Octroi de Paris, demeurant à Paris, rue du Château 88, ayant Maître Bonfils pour avoué, a l’honneur de nous exposer. Messieurs: que son frère Justin Jean Baptiste Waroquier, en son vivant, ancien employé d’octroi, célibataire domicilié à Paris, rue du Château numéro quatre vingt huit (quatorzième arrondissement) que faisant partie, pendant la commune de Paris, du bataillon dit: « le Bataillon dyu Père Duchesne », a été tué le jour de l’entrée de l’armée régulière à Paris, le vingt un mai mil huit cent soixante-onze, sur la barricade dite des quatre-chemins à Paris, Montrouge; [le carrefour des quatre-chemins était le nom que portait la place Victor-et-Hélène-Basch, que vous connaissez peut-être sous le nom de « Alésia »] qu’il résulte d’une enquête à laquelle il a été procédé le vingt trois avril mil huit cent soixante dix sept, par monsieur le Commissaire de Police du quartier de Plaisance, qu’il a été vu mort et parfaitement reconnu par deux personnes, qu’il était né à Paris, le dix sept septembre mil huit cent quarante cinq, du mariage de Monsieur Jean Baptiste Joseph Waroquier [malgré la similitude des prénoms, ce n’est toujours pas le Jean Baptiste Joseph Warocquier de l’article précédent] et de madame Marie Marguerite Saturine Joncourt, tous deux prédécédés; qu’à raison des événements son acte de décès n’a pas été dressé, que pour en tenir lieu l’exposant est obligé d’obtenir un jugement et que, comme héritier de son frère il est intéressé et fondé à le requérir: Pourquoi il requiert qu’il vous plaise, Messieurs, constater le décès de son frère Justin Jean Baptiste Waroquier, arrivé à Paris le vingt et un mai mil huit cent soixante-onze. Ordonner que le jugement à intervenir sera transcrit sur les registres tenus pour l’année courante à la mairie du quatorzième arrondissement de Paris, que l’acte de décès sera dressé à la suite de la dite transcription et que mention sommaire de cet acte sera portée en marge et à la date du jour où le dit acte aurait dû être inscrit…
Et tous commentaires juridiques nécessaires. Je suis évidemment allée voir si la « mention sommaire en marge » a été portée sur le registre des décès le 21 mai 1871 et je ne l’ai pas trouvée.
Mais, pour continuer à tirer le fil, j’ai trouvé l’inscription, le 5 mars 1882, dans une marge, le 22 mai 1871, du décès de Jean Célestin François, et je suis donc allée lire le jugement, à la date du 5 mars 1882. Jean Célestin François était un « écrivain lithographe », sa femme, Justine Jeanne Détour, était (en 1882) concierge, elle et son avoué n’ont mentionné ni barricade ni bataillon, mais que Jean Célestin François
victime des discordes civiles
avait été
saisi par deux militaires sur l’avenue d’Orléans et tué rue Halley
le 22 mai 1871.
J’ai essayé aussi de tirer le fil « Samuel Marx » (voir l’article précédent), mais n’y suis pas parvenue.
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Remerciements encore à Pierre Baudrier pour son incitation à rechercher ce Justin Waroquier.
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J’ai déjà utilisé ce dessin de Daniel. Vierge en prélude au cent cinquantenaire de la Semaine sanglante.