Le mardi 11 avril se tient une réunion des citoyennes dans le but d’organiser dans chaque arrondissement des comités pour les citoyennes résolues à soutenir et défendre la cause de la Révolution, soit dans le service des ambulances, soit en formant des corps réguliers pour construire des barricades et s’y battre — si nécessaire.

Des comités s’organisent dans la plupart des arrondissements. Les statuts de l’Union font l’objet d’un autre article.

Une adresse des citoyennes est envoyée à la Commission exécutive de la Commune et publiée dans plusieurs journaux, notamment dans le Journal Officiel du 14 avril et dans Le Cri du peuple daté du 16 avril.

En voici le texte.

Considérant:

Qu’il est du devoir et du droit de tous de combattre pour la grande cause du peuple, pour la Révolution;

Que le péril est imminent et l’ennemi aux portes de Paris;

Que l’union faisant la force, à l’heure du danger suprême tous les efforts individuels doivent se fusionner pour former une résistance collective de la population entière, à laquelle rien ne saurait résister;

Que la Commune représente le grand principe proclamant l’anéantissement de tout privilège, de toute inégalité, — par là même est engagée à tenir compte des justes réclamations de la population entière, sans distinction de sexe, — distinction créée et maintenue par le besoin de l’antagonisme sur lequel reposent les privilèges des classes gouvernantes;

Que le triomphe de la lutte actuelle, — ayant pour but la suppression des abus, et dans un avenir prochain, la rénovation sociale tout entière, assurant le règne du travail et de la justice, — a, par conséquent, le même intérêt pour les citoyennes que pour les citoyens;

Que le massacre des défenseurs de Paris par les assassins de Versailles exaspère à l’extrême la masse des citoyennes et les pousse à la vengeance;

Qu’un grand nombre d’entre elles est résolu, au cas où l’ennemi viendrait à franchir les portes de Paris, à combattre et vaincre ou mourir pour la défense de nos droits communs;

Qu’une organisation sérieuse de cet élément révolutionnaire en une force capable de donner un soutien effectif et vigoureux à la Commune de Paris, ne peut réussir qu’avec l’aide et le concours du gouvernement de la Commune;

Les déléguées des citoyennes de Paris demandent à la Commission exécutive de la Commune:

  • 1° De donner l’ordre aux mairies de tenir à la disposition des comités d’arrondissement et du Comité central, institués par les citoyennes pour l’organisation de la défense de Paris, une salle dans les mairies des divers arrondissements, ou bien, en cas d’impossibilité, un local séparé où les Comités pourront siéger en permanence;
  • 2° De fixer, dans le même but, un grand local où les citoyennes pourraient faire des réunions publiques;
  • 3° De faire imprimer aux frais de la Commune les circulaires, affiches et avis que les divers Comités jugeront nécessaire de propager.

Pour les citoyennes déléguées membres du comité central des citoyennes

Adélaïde Valentin, ouvrière;

Noémie Colleuille, ouvrière;

Marcand, ouvrière;

Sophie Graix, ouvrière;

Joséphine Pratt, ouvrière;

Céline Delvainquier, ouvrière;

Aimée Delvainquier, ouvrière;

Elisabeth Dmitrieff

Elisabeth Dmitrieff, née en 1851 en Russie, avait conclu un mariage blanc avec Toumanovski, ce qui lui permit de voyager à l’étranger (comme ce fut le cas pour Sophie Kowalevski). Elle fit connaissance de Marx à Londres en 1870. Elle était à Paris depuis mars 1871, envoyée par Marx (ou par l’Association internationale des travailleurs).

L’Union des femmes s’est réunie régulièrement pendant la Commune, elle a fait des propositions sociales… mais a dû bientôt se consacrer exclusivement au combat.