Avant de suivre les drapeaux de la Commune dans la guerre versaillaise, examinons ce que nous savons des bataillons. Ceux-ci ont des drapeaux depuis le siège prussien. Tricolores, évidemment, avec le numéro du bataillon brodé dans le blanc et peut-être un « Vive la République » (nous en verrons un dans un prochain article).
Je range ici toutes les informations que j’ai trouvées, chronologiquement. Je précise les arrondissements des bataillons, tout en rappelant que les bataillons à petit numéro sont les plus anciens.
63 (20e). Celui-là pose avec son drapeau tricolore le 19 mars (dessin de Daniel Vierge et Monde illustré, 25 mars).
130 (11e). Ce bataillon défile devant l’Hôtel de Ville, drapeau rouge en tête, le 19 mars (Le Bien public, 20 mars).
45 (15e). Le 29 mars, il y a des drapeaux rouges et tricolores pour la réhabilitation de ce bataillon (critiqué et mal noté pour son attitude pendant le siège prussien) (Journal officiel, 1er avril).
Ce n’est pas un bataillon, mais je le signale quand même, c’est avec des bannières rouges que des femmes ont « marché sur Versailles » le 3 avril (pour un peu de vérité sur cette histoire, voir cet article).
101 (13e). Le bataillon « de Duval ». Le Gaulois du 5 avril annonce que le 109e de ligne a enlevé un drapeau rouge qui serait celui du 101e (Duval a bien été capturé et fusillé). Un correspondant précise (Gaulois, 6 avril), que c’est un brave petit Parisien de 19 ans, caporal, mais du 110e qui l’a enlevé.
147 (19e). Le drapeau — tricolore — de ce bataillon aurait été conquis le 9 avril au Pont de Neuilly par le 30e bataillon de chasseurs à pied. Je reviendrai sur ce drapeau dans un autre article.
191 (19e). Hier (vers le 12 avril), il a défilé sur le boulevard Saint-Michel en revenant de Vanves, son drapeau rouge, déchiqueté par les balles, était littéralement en lambeaux, selon Le Cri du peuple daté du 14 avril.
107 (10e). Les gardes du 107e ont planté le drapeau rouge au Moulin de Pierre (Rappel, 19 avril).
164 (19e). Ce drapeau a été offert par ce bataillon à ses « frères du Faubourg-Saint-Germain » (Journal officiel, 18 avril). Il a peut-être été conservé.
148 (2e). Le Vengeur du 23 avril (ou un de ses journalistes) a assisté à une revue émouvante de ce bataillon du quartier de la Bourse, autour de son drapeau surmonté du bonnet phrygien.
192 (11e). Le 25 avril, le porte drapeau du bataillon a reçu un drapeau rouge de l’administration du 11e (Archives de Paris, VD3 14).
Défenseurs de la République (Turcos de la Commune). Le bataillon reçoit un drapeau rouge (selon Victorine Brocher) le 25 avril. Je reviendrai sur ce drapeau dans un autre article.
24 (10e). « Hier » (vers le 27 avril), ils sont venus, musique en tête (jouant La Marseillaise et le Chant du Départ), échanger le drapeau tricolore pour le drapeau rouge (Le Cri du peuple, 30 avril). Ce n’est pas qu’une métaphore.
141 (11e). Son drapeau est pris le 1er mai (Gaulois, 11 mai).
191 (19e). C’est le bataillon que Vallès commandait pendant le siège. Oudet rapporte le drapeau à la Commune (procès verbaux, 3 mai) et la Commune lui en donne un neuf.
15 (7e). Selon L’Univers (9 mai), ils ont refusé, le 5 mai, de prendre le drapeau rouge — un mois plus tôt, ils avaient dit qu’ils ne marcheraient pas sur Versailles.
85 (6e). Combatz, qui commande la 6e légion, écrit (Journal officiel, 14 mai) qu’il n’est pas vrai (contrairement à ce que prétendent certains journaux) que le drapeau du 85e soit tombé aux mains de l’ennemi.
67 (11e). Son drapeau, capturé au fort de Vanves (vers le 16 mai) se retrouve à Versailles (Gaulois, 18 mai).
142 (18e). Le 19 mai au Moulin de Cachan, un coup de main versaillais fait des prisonniers (de la sixième compagnie) et en même temps emporte « un énorme drapeau rouge en soie » (Bulletin du jour, 21 mai).
145 (3e). Son drapeau est conquis, sans doute à la fin de la Semaine sanglante, par le « Régiment étranger » auquel appartenait le capitaine Cérésole (qui l’a ramené dans son pays, la Suisse, où il est conservé aux archives cantonales vaudoises, voir cet article de Marianne Enkel).
117 (9e). Selon La Patrie du 5 juin, ce bataillon revenait de Vanves, il a été appelé à la défense de Belleville. Où une fraction s’est rendue. Leur drapeau (rouge) était le seul restant, tous les autres avaient été détruits.
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J’ai déjà utilisé l’image de couverture plusieurs fois, et notamment dans cet article sur la « sortie torrentielle » d’avril.
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Sources. La presse et les sites indiqués.