La première erreur (plutôt ânerie, dans ce cas) concerne, pas vraiment la Commune, mais certains de ses protagonistes. Le livre Histoire du mouvement ouvrier, d’Édouard Dolléans note que les statuts de la Société civile d’épargne et de crédit mutuel des ouvriers relieurs de Paris (établis le 1er mai 1866) mentionnent l’égalité des droits des relieurs et des relieuses.

Il attribue cette nouveauté au seul Eugène Varlin. Il est vrai qu’il ignore l’existence de Nathalie Lemel. Pourtant, il cite (dans une note infrapaginale) « la relieuse Nathalie Duval », qui aide Varlin dans l’organisation de la coopérative La Marmite.

Nathalie Lemel, dont la photographie illustre cet article, était née Duval, certes, mais elle s’appelait bien Lemel et c’est le seul nom sous lequel elle est connue.

Quelle élégante façon de dissimuler cette femme remarquable!

Nathalie Lemel est née le 24 août 1826 à Brest. Elle était relieuse à Paris et fut membre de l’Internationale dès 1865. Elle a créé, avec Varlin et d’autres, la société La Marmite, dont elle était la caissière. Elle a participé à la Commune notamment à travers l’Union des femmes pour la défense de Paris, elle s’est battue sur les barricades. Emprisonnée et jugée, elle a affronté le Conseil de guerre avec fermeté et dignité. Elle a refusé de demander sa grâce et a été déportée en Nouvelle-Calédonie, en est revenue après l’amnistie des communards, a été employée par le journal L’Intransigeant, est morte aveugle dans un hospice et dans la misère en 1921.

Livre cité

Dolléans (Édouard), Histoire du mouvement ouvrier — Tome 1: 1830-1871, 4e édition, Armand Colin (1948).

(à suivre)