L’insurrection (?) du 18 mars a commencé parce que le gouvernement a tenté de récupérer des canons qui appartenaient à la Garde nationale.

Notamment à Montmartre.

De sorte que, comme l’écrit l’anonyme auteur d’un prétendu « livre noir »,

la Révolution, partie des Buttes-Montmartre, monta à l’Hôtel de Ville.

Celui-là aurait eu besoin, parmi ses instruments d’analyse, d’un altimètre!

Mais nous n’en sommes pas encore là. Revenons aux canons. Ils avaient été payés grâce à des souscriptions populaires pendant la guerre et le siège. Les plus pauvres s’étaient, comme toujours, particulièrement sacrifiés.

Les canons avaient été mis à l’abri dans les faubourgs à l’annonce de l’occupation prussienne. Notamment à Montmartre en un lieu nommé « Champ des Polonais ». Et le gouvernement ne craignait rien de plus que des faubourgs armés…

Mais, combien y en avait-il, de ces canons?

Je donne les nombres qui suivent sous toutes réserves. Je les ai copiés dans le livre d’un historien (anti-communard, d’ailleurs), Jules Claretie.

  • Montmartre, 171.
  • Clichy, 10.
  • La Chapelle, 43.
  • Buttes-Chaumont, 52.
  •  Salle de la Marseillaise (51 rue de Flandre), 31.
  •  Belleville, 22.
  • Ménilmontant, 42.
  • Place des Vosges, 30.

Une gravure que l’on voit souvent montre environ vingt-huit canons au champ des Polonais… Sur la photographie reproduite ici, on peut en compter plus de cent trente, mais on ne les voit pas tous. L’ordre de grandeur de 171 donc est assez vraisemblable. Vuillaume dit 171. Lissagaray dit 170.

Je ne sais pourtant pas quelle vérité attribuer à l’ensemble de ces nombres, d’autant plus que Claretie en fait la somme et trouve, non pas 401 comme vous ou moi mais 417  (?).

Je ne sais même pas la date exacte à laquelle ces nombres se rapportent.

Je remarque aussi que Claretie se préoccupe peu de l’armement du treizième arrondissement. Heureusement, Émile Duval, lui, s’en occupait assez activement, de sorte qu’il y avait aussi des canons aux alentours de la place d’Italie.

Un décompte légèrement différent, dans La Proclamation de la Commune, d’Henri Lefebvre, amène (miraculeusement) au même (faux) total de 417.

Tous les historiens répètent ces nombres (et répètent aussi le 417).

Un livre de Jacques Rougerie mentionne 271 canons et 146 mitrailleuses. Dommage qu’il n’effectue pas l’addition, il aurait le bon total!

(à suivre)

Illustration

Je ne connais pas l’auteur de la photographie, qui est plus ou moins l’illustration obligée d’un article sur les canons… Je l’ai copiée sur l’excellent site de Jean-Paul Achard, précisément là (cliquer).

Livres cités

Âne (O’Nyme)Livre noir de la Commune, Office de publicité (1871).

Claretie (Jules), Histoire de la Révolution de 1870-71, Paris, Publications de la librairie illustrée (1877).

Vuillaume (Maxime), Mes Cahiers rouges Souvenirs de la Commune (avec un index de Maxime Jourdan), La Découverte (2011).

Lissagaray (Prosper-Olivier), Histoire de la Commune de 1871, (édition de 1896) La Découverte (1990).

Lefebvre (Henri), La Proclamation de la Commune, Gallimard (1965).

Rougerie (Jacques), La Commune de 1871, Que sais-je, PUF (2009).