Le 10 avril, l’Académie des sciences tient sa séance comme tous les lundis. L’envoyé du Journal Officiel en rend compte comme tous les lundis. Lui aussi commet des erreurs. Comme bien des auteurs déjà cités. Comme moi.

M. le docteur Ducaisne, notre confrère du journal La France,

écrit-il dans son article sur cette séance. Il s’agissait en réalité d’Émile Decaisne (médecin et qui tenait la rubrique « Académie des sciences » de La France, en effet). Cet article se trouve dans le JO du 11 avril (que vous pouvez lire en cliquant ici).

Puisque nous en sommes à l’Académie des sciences, quelques authentiques âneries.

Un de nos « historiens » versaillais de l’immédiat après-Commune croit savoir que, au JO, Longuet écrivait les comptes rendus des séances de l’Académie des sciences quai de Conti, qu’il signait C.P. et ajoute

on n’a jamais compris pourquoi

le journal publiait ces comptes rendus.

Ce « on n’a jamais compris pourquoi » me rappelle

l’atmosphère confinée de l’Académie des sciences

qu’un éditeur (du vingt et unième siècle) utilisa pour refuser un texte sur la Commune et les scientifiques – il s’agit de Mai quai Conti, bien entendu, que cet éditeur refusa, ainsi que bien d’autres… dont la plupart n’ont pas pris la peine de motiver leur refus, ni même d’ailleurs de répondre, ce qui leur évite d’être brocardés dans cet article !

Dans ce registre, les citations seraient nombreuses, ainsi que les manques. Ah! Ce beau Dictionnaire de la Commune… qui contient un article « littérature » et pas d’article « science »… Et ce grand livre, La Commune de 1871, dont le chapitre « La Culture » est formé des deux paragraphes « Les Beaux-Arts » et « La Littérature et le Théâtre »!

Il y a des tas de choses intéressantes (pour tout le monde) dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, qui sont eux aussi disponibles sur Gallica (précisément ici pour le volume contenant les soixante-douze jours de la Commune).

Par exemple, le temps qu’il faisait. La Commune s’est tenue, après cet hiver épouvantablement rigoureux, par un printemps… radieux (!). Et pourtant… en anticipant un peu, eh bien, il pleuvait des cordes les samedi et dimanche de la Semaine sanglante. Ça n’empêche pas d’excellents auteurs d’aujourd’hui (Éric Hazan, par exemple) d’écrire des

par un temps superbe…

Il est vrai qu’un contemporain de la Commune (celui-là s’appelait Émile Zola, mais avait quitté Paris avant le 28 mai) parle du

triomphal lever du soleil, par cette limpide et chaude matinée de jour de fête.

Pour relever un tant soit peu l’honneur de Zola, fort compromis dans l’affaire « Commune », je précise que, par « jour de fête », il fait allusion, non pas à la grande fête que ce fut de voir Paris « libéré » par l’armée de Versailles, mais au fait que le 28 mai était en 1871 le dimanche de Pentecôte.

On trouve des renseignements assez précis sur le temps qu’il faisait dans les ouvrages des communards (brouillard pénétrant, visqueux dit Lissagaray du samedi), mais aussi, eh oui… dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences} qui publiaient les relevés météorologiques de l’Observatoire tous les mois. C’est plus facile que d’aller fouiller les archives de l’Observatoire, comme le font certains auteurs. J’ai même copié ces pages pour vous, il n’y a plus qu’à cliquer, mars 1871, avril 1871, mai 1871.

Dans les journaux scientifiques, on apprend pas mal de choses intéressantes. En particulier le fait qu’on peut se tromper.

(à suivre)

Livre cités

Livet (Charles-Louis), Le Journal Officiel de Paris pendant la Commune, L. Beauvais (1871).

Audin (Michèle), Mai quai Conti, http://oulipo.net/fr/mai-quai-conti (2011).

Noël (Bernard)Dictionnaire de la Commune, Flammarion (1978).

Bruhat (Jean), Dautry (Jean) et Tersen (Émile), La Commune de 1871, Paris, Éditions sociales (1970).

Hazan (Éric), L’Invention de Paris, Fiction et Cie, Seuil (2002).

Zola (Émile)La Débâcle, Hetzel (1892).

Lissagaray (Prosper-Olivier)Histoire de la Commune de 1871, (édition de 1896), La Découverte (1990).

Fournier (Éric), La Commune n’est pas morte, Libertalia (2013).