J’ai malheureusement eu plusieurs fois l’occasion de le signaler, de le rappeler, l’histoire — ou plus exactement ceux qui l’écrivent — tend à omettre les femmes.
En voici (encore!) un exemple, pour ce bref article. Après le récit d’Émilie Noro, celui de Marc-Amédée Gromier, après le dessin de Daniel Vierge, après la description des prisonniers et des prisonnières par Edmond de Goncourt, voici un dessin de Courbet.
Il figure dans un article de Laurence des Cars intitulé « Le silence de la peinture », publié dans le catalogue de l’exposition « Courbet et la Commune » (une exposition de l’an 2000).
Le silence de Gustave Courbet en peinture, en 1871? Il a peint peu de choses, mais il y a des dessins, que l’auteure tente de dater. Gustave Courbet a été arrêté à Paris le 6 juin (voir notre article du 8 juin), plus tard il a été, lui aussi, emmené à Versailles. Ce dessin a sans doute été fait à ce moment-là. Bref, un très intéressant article d’histoire de l’art. Dans lequel, donc, à la page 29, se trouve notre dessin, avec la légende:
Gustave Courbet, Les Fédérés aux Grandes Écuries de Versailles, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, fonds du musée d’Orsay.
Le très beau site « L’histoire par l’image« , sur lequel je l’ai copié, le présente sous le même titre.
Et si nous le regardions, ce dessin? Il est possible de l’agrandir en cliquant sur l’image.
Des corps enchevêtrés, des êtres humains jetés et parqués comme des bêtes — ce sont d’ailleurs des écuries (souvenez-vous du chenil par où est passé Élisée Reclus). Ah! mais! c’est que ces fédérés ont des jupes. Regardons ce que le peintre a écrit, très clairement, sous son dessin:
Grandes Écuries Versailles. Les Fédérées.
Ce sont bien des prisonnières, des femmes, que Courbet a représentées. Et il les a nommées fédérées. Pas fédérés, ni fédéré(e)s, ni même fédéré•e•s, mais bien fédérées. Au féminin.
Mesdames et messieurs du département des Arts graphiques du musée du Louvre, ne croyez-vous pas que ces femmes, telles que vous les voyez, ont subi une peine suffisante? Des violences suffisantes? Redonnez son titre à ce dessin et leur existence à ces femmes, s’il vous plaît!
Livre cité
Gustave Courbet et la Commune, Réunion des musées nationaux (2000).
Cet article a été préparé en décembre 2020.