Le 29 février 1871 voit une réunion du Comité central, dit l’auteur (versaillais!) du Carnaval rouge (avec un titre pareil!), avant de tourner en dérision les ignorants de la Commune pour la mauvaise relecture de leurs affiches.

Bizarrement, cette date impossible apparaît aussi ailleurs. Par exemple, dans l’excellent Dictionnaire de Bernard Noël, auquel, sûrement, je consacrerai un article. Dans ce cas, bénéfice du doute: l’auteur a peut-être voulu insister ainsi sur l’actualité dramatique de ces 28 février/1er mars…

Il ne se passe rien entre le 28 février et le 1er mars. Enfin, façon de parler: le 1er mars est quand même le jour où l’ouest de Paris est occupé par les Prussiens. Mais il n’y a pas quand même pas de 29 février cette année-là.

Ce trou (?) entre le mardi 28 février et le mercredi 1er mars 1871 me rappelle une histoire du Cri du peuple, que je vais raconter dans un article consacré au quotidien de Jules Vallès.

Je profite de la mention de Jules Vallès pour citer une autre erreur. Le héros, Bastien, d’un roman pour enfants, reconnaît Jules Vallès,

un jeune journaliste dont mon père m’avait montré la photographie dans un journal,

ce qui est un anachronisme. Comme tous ceux qui ont cherché des images de la Commune en mouvement le savent, on ne savait pas encore mettre de photos dans les journaux.

D’autre part, Jules Vallès avait presque quarante ans en 1871, ce qui, à l’époque, n’était pas considéré comme jeune. Lui-même le dit, dans un article fameux, dont je reparlerai aussi:

toi qui as comme moi les cheveux gris…

La photographie de Jules Vallès qui illustre cet article a sans doute été réalisée à cette époque par l’atelier de Félix Nadar. Je l’ai recadrée à partir d’un document de la Bibliothèque nationale de France.

(à suivre)

Livres cités

Rodrigues (Edgar), Le Carnaval rouge, Paris, Dentu (1872).

Noël (Bernard), Dictionnaire de la Commune, Flammarion (1978).

Solet (Bertrand), Bastien, gamin de Paris, La Farandole (1978).