Le peintre Gustave Courbet aurait démissionné de la Commune le 11 mai, avant, donc, la mise à bas de la colonne Vendôme (qui eut lieu le 16 mai), si l’on en croit la « Grande histoire de la Commune » et malheureusement aussi d’autres livres.

Gustave Courbet a participé à la plupart des séances de la Commune après son élection le 16 avril.

Il est intervenu souvent, et en particulier les 12, 15 et 17 mai.

Le 12, il a même été nommé membre d’une commission qui examinerait les objets d’art appartenant à Thiers.

Il était tellement présent à la dernière séance de la Commune, le 21 mai, qu’il était assesseur de cette réunion, dont le président était Vallès.

Tout ceci peut être vérifié dans les procès verbaux des séances de la Commune, que l’on peut trouver en cliquant ici.

Je ne peux pas imaginer de source pour cette erreur.

À la recherche de renseignements me permettant de la comprendre, j’ai été assez étonnée (mais à vrai dire pas vraiment surprise) par la gêne provoquée chez la plupart des auteurs par l’existence du tableau « L’origine du monde » de Gustave Courbet. Comme ce blog n’a pas peur des femmes (contrairement à certains militaires et à beaucoup d’auteurs), et comme ce tableau est dans le domaine public (et au musée d’Orsay), je le reproduis ici

L'Origine du monde, Gustave Courbet (1866)
L’Origine du monde, Gustave Courbet (1866)

et ne résiste pas au plaisir, puisqu’il y a encore de la place dans cet article, de vous donner à lire une succulente page de l’infâme Du Camp (qui passe une bonne partie des quatre tomes de son grand-œuvre à vomir sur Vallès et Courbet). Le futur académicien nous décrit le tableau.

… on demeurait stupéfait d’apercevoir une femme de grandeur naturelle, vue de face, extraordinairement émue et convulsée, remarquablement peinte, reproduite con amore, ainsi que disent les Italiens, et donnant le dernier mot du réalisme. Mais, par un inconcevable oubli, l’artisan, qui avait copié son modèle sur nature, avait négligé de représenter les pieds, les jambes, les cuisses, le ventre, les hanches, la poitrine, les mains, les bras, les épaules, le cou et la tête. Il est un mot qui sert à désigner les gens capables de ces sortes d’ordures, dignes d’illustrer les œuvres du marquis de Sade, mais ce mot n’est guère utilisé qu’en charcuterie.

L’homme qui peut, pour quelques écus, dégrader son métier jusqu’à l’abjection, est capable de tout. Si, malgré son outrecuidante vanité, il a une nature hésitante et timide, il ne s’associera à aucun crime, il répudiera sans effort toute action violente, il déplorera les massacres, il détestera les incendies; mais que, sans péril immédiat, il trouve à exercer l’activité de sa bêtise en surexcitant les envieuses passions de la foule et en les satisfaisant, il n’y manquera pas et obtiendra ainsi un renom ridicule dont il ne pourra plus se débarrasser. C’est ce qui est advenu à Gustave Courbet pour avoir aidé au renversement de la Colonne.

Courbet a peint ce tableau, donc il est capable de tout, actions violentes, massacres, incendies.

(à suivre)

Livres Cités

Soria (Georges)La Grande histoire de la Commune, Livre Club Diderot (1971).

Du Camp (Maxime), Les Convulsions de Paris, 4e édition, Paris, Hachette (1879).