Regardez bien la gravure qui sert de couverture à cet article.

Je l’ai découverte dans Le Cri du peuple du 14 juillet 1883. Un numéro spécial du quotidien de Jules Vallès, sur beau papier anglais extra-fort et en deux couleurs — que j’ai malheureusement lu sur un microfilm noir et blanc (et gris), je ne peux donc même pas vous dire quelles étaient les deux couleurs. Peut-être une indication est-elle fournie par la belle branche feuillue et le titre de l’article du rédacteur en chef: « La cocarde verte ».

La gravure représente, comme son titre l’indique, les « Canons de Paris portés à Montmartre ». Les moulins confirment Montmartre. Peu de maisons ou d’immeubles sont visibles. Encore moins que sur la canonique photographie du « champ des Polonais », que j’ai déjà utilisée sur ce site et que je reproduis ici.

D’autre part, un regard plus attentif sur cette couverture,

— que je reproduis ici pour que l’on puisse la grossir (en cliquant)

— induit un doute sur l’événement: les canons sont portés, tirés, hissés, sur un mamelon glaiseux, certes, mais par des hommes, seulement des hommes, et pas par une foule familiale d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards.

Vous lisez bien un site sur la Commune de 1871, mais vous ne regardez pas une image des canons de Montmartre de 1871.

Voici le texte (non signé) qui accompagne la reproduction de la gravure dans ce numéro du Cri du peuple — vous avez noté la date?

La gravure ci-dessous rappelle un des plus intéressants événements de juillet 1789:

Au lendemain de la prise de la Bastille, les troubles et l’incertitude régnaient dans Paris. On s’attendait, d’une minute à l’autre, à être attaqués par les 40,000 hommes réunis par la cour autour de Versailles. Les gardes françaises, qui avaient pris une part active à la journée du 14, ne rentraient pas dans leurs casernes. On parlait d’une mine établie pour faire sauter Paris. Les troupes, malgré la promesse, ne s’éloignaient pas.

On arrêta à la barrière deux officiers venus observer… Un jour ou deux de plus, peut-être, la halle était sans farine, le Peuple allait à l’Hôtel de Ville demander du pain et la tête des magistrats…

C’est alors que, d’un mouvement spontané, semblable à celui qui se produisit quatre-vingts ans plus tard, au 18 mars 1871, les vainqueurs du 14 juillet, prirent leurs canons, les canons des Invalides, les canons de la Bastille, et les hissèrent sur la Butte Montmartre.

L’état du microfilm ne permettait pas la reproduction de l’image du journal. Je l’ai trouvée sans trop de mal sur Gallica, où vous pouvez aussi la voir. Elle y porte le titre « Canons de Paris portés à Montmartre »… et le sous-titre « le 15 juillet 1789 », que je n’ai pas reproduits — ç’aurait été trop facile!

Fin de cet article de 15 juillet!