Adolphe Clémence, élu à la Commune le 26 mars 1871 par son arrondissement, le quatrième, n’est pas le plus connu des communards.
Je l’ai rencontré à plusieurs reprises, et notamment en recherchant les traces (écrites) laissées par Eugène Varlin, pour composer le livre Eugène Varlin, ouvrier relieur (1839-1871). Adolphe Clémence était en effet un des collègues et amis d’Eugène Varlin, il fut d’ailleurs son tout premier biographe, en 1885. De plus, il a laissé un témoignage écrit sur le siège de Paris, dans lequel se montrent (aussi) ses qualités d’écrivain.
Un des charmes, à mes yeux, de la Commune, c’est le foisonnement de ce que, comme romancière, j’appelle des personnages secondaires. En voici donc un, dans une série d’articles.
Ici, présentation et état civil, puis sa vie professionnelle, son carnet pendant le siège de Paris, ce qu’il a fait pendant la Commune et enfin, après.
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Hippolyte Adolphe Clémence est né, d’après l’ « état civil reconstitué » de Paris, le 9 décembre 1838, peut-être dans le quartier du Temple — en tout cas, d’après la même source, ses parents Hippolyte Clémence et Marguerite Salomé Hussont s’étaient mariés le 9 avril 1833 dans l’ancien sixième arrondissement.
Il a épousé, le 6 août 1859, Éléonore Léonide Oblet, une brocheuse (relieuse, donc) née le 18 décembre 1830, dans l’ancien septième, c’est-à-dire dans le quatrième actuel, où toute la suite de cette histoire (ou presque) se déroule.
Ils ont bientôt eu des enfants, un premier (en 1860) puis un deuxième (en 1862) petit Georges, tous deux mourant en très bas-âge, puis en 1863 une fillette, Isaure — nommer une enfant Isaure Clémence était élégant et témoignait du niveau culturel des parents, mais cela ne l’empêcha pas de mourir à l’âge de vingt mois. Enfin leur naquit le 10 octobre 1867 un troisième petit Georges, qui vécut assez longtemps pour pouvoir accompagner Gustave Lefrançais déclarer la mort de son père Adolphe Clémence le 4 février 1889, mais peut-être ne vécut-il pas jusqu’au décès de sa mère le 8 décembre 1902.
Pour en finir avec l’état civil et en remontant cette fois, il faut préciser
- que le grand-père paternel d’Adolphe Clémence avait participé à la Révolution française, qu’il était hébertiste et qu’il avait (peut-être) été proche de la Conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf.
- Et que le père de Léonide, Charles Oblet, était typographe, que je ne connais pas la profession de sa mère, née Clotilde Adélaïde Rouard (1870-1869), que son frère Charles-Baptiste Oblet, né le 2 mai 1827, était « sculpteur » (je ne sais pas si cela veut dire qu’il était tailleur de pierre ou qu’il était artiste sculpteur) et que tous vivaient dans ou à proximité de l’immeuble qui occupe l’un des coins de la rue des Juifs (aujourd’hui Ferdinand-Duval) et de la rue des Rosiers.
On le verra en lisant les carnets d’Adolphe Clémence, qui habite cet immeuble, la famille de Léonide est très présente dans sa vie.
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L’image de couverture, extraite de toujours le même plan de Paris, contient le quartier Saint-Gervais, dans le quatrième arrondissement, le lieu d’Adolphe Clémence.
Livres et articles cités
Clémence (Adolphe), Eugène Varlin, La Revue socialiste, 1885