Je termine cette série d’articles sur les communards sarthois par quelques mots sur ceux, dans la liste des condamnés sarthois trouvée dans la base de données de Jean-Claude Farcy, qui ont été condamnés aux travaux forcés — les bagnards.

Ils sont trois, Édouard Florent Joseph Princé, 25 ans en 1871, condamné d’abord à la déportation simple puis aux travaux forcés…, dont je ne dirai rien de plus, Charles Quétin et Émile Fortin. 

Sur Charles Quétin, j’ajoute à la notice du Maitron sa mention dans le livre d’un autre bagnard, Jean Allemane. Dans ses Mémoires d’un communard, celui-ci raconte une série de bastonnades (punition extrêmement violente) sur d’autres forçats, à laquelle tous doivent assister, une scène vraiment terrible. 

Mon voisin de droite, le citoyen Quétin, s’évanouit et je dois le soutenir.

Après cette très longue séance (il y a sept forçats « bastonnés »), il dit:

Je suis comme anéanti; malgré que je n’aie plus à soutenir Quétin, couché et évanoui près de moi, je ne sais comment je peux me tenir encore debout.

Quant à Émile Fortin, qui avait 24 ans pendant la Commune et était feuillagiste, il a lui aussi une notice dans le Maitron, mais les lectrices et lecteurs de ce site le connaissent pour l’avoir vu auprès de Gustave Maroteau, ici et , et même pour avoir vu sa photo, parmi d’autres bagnards ici, mais la revoici. D’après la légende, ce serait le troisième en partant de la gauche, mais, bien que je ne sois que très peu physionomiste, il me semble — surtout après le regard expert de mon ami Maxime Jourdan — que ce troisième est Gaston Da Costa, Émile Fortin est le quatrième, me dit Maxime, et d’ailleurs il était chauve — et le quatrième l’est.

Certainement, vous vous souvenez que Gustave Maroteau avait été condamné (à mort, puis au bagne à perpétuité) pour un article paru dans La Montagne le 21 avril 1871 (que vous pouvez lire ici). Toute la suite de sa courte vie s’est déroulée auprès d’Émile Fortin, même si celui-ci n’était condamné « qu’à » 10 ans de travaux forcés: ils partent au bagne de Toulon ensemble, ils y arrivent ensemble, sont ferrés ensemble, ils sont mis dans le même bateau pour la Nouvelle-Calédonie. Fortin est auprès de Maroteau pendant son agonie — cette histoire très malheureuse est très bien racontée par Alphonse Humbert, Gustave Maroteau est mort le 18 mars 1875, mais voyez donc les deux articles en suivant les liens ci-dessus). 

Cette amitié entre un ouvrier et un journaliste est aussi un des petits bonheurs de la Commune.

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La photographie de la brochette vient toujours du livre

La Commune de Paris, Actes et Documents, Épisodes de la Semaine sanglante, préface de G. Zinoviev, Éditions Clarté (1921).