Les prisons versaillaises ont déjà fait l’objet de plusieurs articles de ce site. Celles de ces prisons qui méritent deux fois le qualificatif de versaillaises, parce qu’elles se trouvent à Versailles même, ont elles-mêmes été citées plusieurs fois,
- celle de la rue Saint-Pierre avec les condamnés à mort en octobre 1871,
- le chenil avec Élisée Reclus…
Je vais maintenant publier une série d’articles sur ces prisons, celles de Versailles, de Satory et des Chantiers, à partir du 24 ou du 25 mai 1871 — dates où arrivent les premiers prisonniers de la Semaine sanglante — et jusqu’au mois de septembre, où la prison des Chantiers devient une prison pour hommes (nous avons vu Victor Jaclard s’en évader à la fin septembre) et pour enfants (garçons), mais les enfants sont là depuis le début.
Sur la détention à Versailles, le premier témoignage publié est celui de Céleste Hardouin, qui paraît en feuilleton dans Le Rappel du 14 au 30 août 1876 sous le titre « Le journal d’une détenue » (voici un lien sur le premier article, on peut lire les autres à la suite) et dont elle publie une version en volume en 1879, peu avant l’amnistie des communards.
Après l’amnistie, le quotidien tout juste fondé L’Intransigeant publie, rassemblée par Frédéric Cournet, une série de témoignages contre le lieutenant Marcerou, tortionnaire des Chantiers (fouet, viol, assassinat…), je renvoie à un article assez récent d’Éric Lebouteiller. Si l’argument — déjà! — du révisionnisme, à savoir « c’est trop horrible, ça ne peut pas être vrai, donc ce n’est pas vrai » a fait que Marcerou n’a pas été condamné, il reste une série de témoignages, dont certains ont été rassemblés et publiés à l’époque dans une petite brochure, « Le dossier de l’affaire Marcerou ».
Tous les documents dont je viens de parler sont disponibles sur Gallica, le livre de Céleste Hardouin (celui-ci a même été republié par l’Association des amies et amis de la Commune), le dossier Marcerou…
Le présent article annonce la publication à suivre d’un certain nombre d’articles, la plupart dus à Émilie Noro, une autre « détenue de Versailles ». J’en dirai plus sur elle dans le prochain article…
À suivre, donc
*
L’image champêtre et paisible (les hommes à cheval sont des gardiens, si, si) de la baignade au Trianon vient du journal L’Illustration à l’automne 1871 (une photographie que j’ai faite sur le volume conservé par la Bibliothèque nationale de France). Son titre complet est: « Les prisonniers de la Commune à Versailles — la Baignade au grand Trianon ». Il est vraisemblable que cette « baignade » était aussi la seule chance qu’avaient ces prisonniers de se laver… On va voir que la réalité était moins idyllique, en particulier du côté des prisons pour femmes.
Livres utilisés
Hardouin (Céleste), La détenue de Versailles en 1871, Les Amis de la Commune de Paris (2005).
Le dossier de l’affaire Marcerou, déposition des témoins, tous les libraires (vers 1880).