Commençons par les magazines.

Politis

J’aurais bien aimé vous faire de la publicité pour le numéro hors-série de Politis « La Commune Une histoire en commun », qui paraît ces jours-ci, mais je refuse de reproduire la couverture, que je me permets de trouver trop hideuse pour illustrer cet article, d’autant plus qu’elle est enlaidie d’un bandeau de propagande pour un politicien…
Pourtant ce journal contient un ensemble d’articles historiques de qualité (l’ensemble et les articles). Mais ce bandeau m’a beaucoup énervée. D’autant plus qu’aucun des auteurs (tous bénévoles) ni même le coordonnateur (Maxime Jourdan) n’avait été averti à l’avance de ce détournement. Voici une protestation signée de sept des auteurs, que le journal a même refusé de publier.

Paris, le 18 janvier 2021

Nous avons contribué gracieusement au hors-série de Politis consacré à la Commune, numéro qui nous tenait à cœur. Quelle n’a pas été notre stupéfaction en découvrant que sur sa Une figure, bien en évidence, la photographie d’un candidat à l’élection présidentielle! Que cet homme politique y bénéficie d’un long entretien ne nous choque absolument pas. Mais que l’ensemble de ce numéro soit placé sous sa bannière avec une telle Une et une telle photographie altère considérablement ce hors-série. Cette personnalisation est en tous points opposée à l’esprit même de la Commune, qui souhaitait ne mettre en avant aucune individualité. Enfin, le conseiller historique et coordinateur éditorial de ce numéro n’a, en aucune façon, été associé à l’élaboration de la couverture. Notre but, à toutes et à tous, était de permettre au lectorat de découvrir l’événement ou d’approfondir sa connaissance historique, d’en saisir l’actualité, et nous nous désolidarisons de ce choix.

Michèle Audin, Ludivine Bantigny, Marc César, Quentin Deluermoz, Laure Godineau, Maxime Jourdan, Jean-Louis Robert

Je publierai sans doute bientôt les textes de certains de ces articles sur ce site. Pour lire celui que je leur avais envoyé, sur les femmes, cliquez ici.

J’avoue avoir été très déçue… d’autant plus que, je l’attendais, ce hors-série Politis, pour vous dire deux mots du numéro spécial de L’Histoire.

L’Histoire

Ce numéro spécial est sûrement intéressant pour des lecteurs désirant découvrir la Commune. Il contient des articles plus ou moins récents d’une impressionnante brochette de professeurs émérites — et d’autres articles, d’auteurs moins émérites, qui ne sont pas les moins intéressants!

J’avais quelques réticences à en rendre compte.

D’abord, j’avoue trouver douteux le combat engagé là pour l’amnistie de la Commune (déjà que celui pour la « réhabilitation des communards » m’avait un peu choquée), dont une de mes amies me souffle qu’il s’agit d’une idée opportuniste — au sens gambettiste ou actuel du terme.

Et puis, les lecteurs de ma série quotidienne « Il y a cent cinquante ans« , de même que ceux de l’article « Des ors de Saint-Cloud au pavé de Montmartre: les origines de la Commune », de Maxime Jourdan dans Politis, ne s’étonneront pas que je râle en lisant une chronologie dans laquelle il ne se passe rien entre le 22 septembre 1870 et le 28 janvier 1871 (!).

Et aussi, je m’étonne que le seul communard dont L’Histoire ait jugé utile de dresser un portrait soit Louis Nathaniel Rossel, qui est certainement le moins représentatif.

J’ai relevé quelques fautes surprenantes — le malheureux archevêque abandonné par Thiers dans l’espoir (satisfait) que des communards en fassent un martyr s’appelait Darboy et pas d’Arbois — la Déclaration de la Commune « Au peuple français » du 19 avril a été rédigée par Pierre Denis (pour Jules Vallès) et Delescluze, ce qui, tous les commentateurs le disent et le répètent, lui donne un un parfum proudhonien, et non pas comme il est dit ici par Varlin et Delescluze, ce qui (forcément) lui donnerait un parfum… internationaliste.

Mais quand même, un passage m’a fait beaucoup rire (jaune) :

Trouvant ces chiffres [des morts de la Semaine sanglante selon Tombs] trop bas, des historiens se sont engagés dans l’exercice du décompte sur archives.

Ah! Des historiens! Pas les grands messieurs qui écrivent dans L’Histoire, alors? Il est vrai que ce n’est qu’un « exercice »… Pour tout vous dire, j’aimerais bien les rencontrer, ces historiens qui se livrent à ces exercices, quand je parcours les cimetières ou lis des descriptions de l’état dans lequel se trouvent, en juillet, des corps tués en mai et oubliés sous la terre des squares… En attendant de lire leurs travaux, les résultats de mes « exercices » paraîtront… le 18 mars.

Autour de Vallès

Ah ! au fait, j’ai reçu Autour de Vallès, le n°50, sur le thème « Retour d’exil », dirigé par Céline Léger et Jean-Marie Roulin. Beaucoup d’articles très intéressants et un bel ensemble. Je suis brève et ne vous parle pas de l’exil de Vallès. Juste un mot sur « Le Père Malzieux s’est suicidé »: exemple individuel et expérience collective, en voilà, un beau et touchant portrait de communard, Pierre Malzieux, qui est comme un détail agrandi de l’article de la même auteure, Laure Godineau, dans L’Histoire, où elle traite Années 1880. La sortie du silence (retour d’exil, toujours).

Bref, si malgré tout vous achetez l’un ou l’autre des deux magazines — ou même les deux –, vous trouverez quand même des choses à y lire. Si vous voulez lire Autour de Vallès, il suffit d’adhérer à l’association des Amis de Jules Vallès