1951, quatre-vingtième anniversaire de la Commune de Paris. Le Parti communiste fait réaliser un film documentaire, La Commune de Paris. Le réalisateur est Robert Ménégoz, la musique est confiée à Joseph Kosma. Et André Marty supervise politiquement.
1951, le film est interdit. À cause de « considérations fallacieuses et insultantes à l’égard de Monsieur Thiers ». Si, si. On voit que les censeurs n’avaient pas lu la presse de l’époque, qui l’appelait le nabot, l’avorton malfaisant, le foutriquet… aucune de ces expressions n’est dans le film.
Pour l’essentiel, le film est constitué d’images (photographies, gravures…) fixes filmées. Quand même au début, une belle vue de Belleville en 1951… avant le massacre (urbanistique, celui-là) et le « Parc de Belleville ». Et, pour les lecteurs de notre série « Histoires du mur », des images de la montée au mur de 1951, avec la fillette qui dépose son petit bouquet…
Que des images fixes ou à peine animées, un petit budget, un film très réussi, qui en apprend autant sur la vision qu’avait le PCF de la Commune en 1951 que sur la Commune elle-même.
Je vais aussi critiquer, bien entendu, mais avant ça, allez le voir, ce film, il dure 25 minutes, je suis sûre que vous avez le temps, et vous n’avez qu’à cliquer ici (c’est sur le site ciné-archives, le riche fonds audiovisuel du PCF).
Bon, maintenant que vous l’avez vu, eh bien, vous voyez bien les critiques. Je ne parle pas du grand parti de la classe ouvrière qui a manqué à la Commune, qui est un passage obligé et un leitmotiv du PCF. Mais de quelques détails que sûrement vous avez relevés aussi et dont voici une petite liste:
- la grande barricade de la rue de Rivoli n’était pas encore là au moment de l’occupation prussienne,
- Courbet n’était pas parmi les élus lors de la proclamation de la Commune le 28 mars (il n’a été élu que le 16 avril),
- les Versaillais ont fusillé des prisonniers, ce qui est en effet contraire à tous les usages de la guerre, mais ils n’ont pas fusillé tous les prisonniers (heureusement pour Élisée Reclus, notamment),
- la Commune n’a pas supprimé le Mont-de-piété.
La présentation des décrets socialistes de la Commune comme s’ils avaient vraiment été appliqués (le décret sur les ateliers, notamment) est aussi un peu optimiste. La chronologie est légèrement chamboulée…
Mais j’ai beaucoup aimé la présentation des élus en images fixes (même si Courbet était de trop), et je n’ai pas résisté au plaisir de refabriquer ce panoramique, Delescluze, Malon, Theisz, Varlin, Flourens, Vaillant, Pottier, Courbet, Vallès, Clément, Frankel en rangs d’oignon
N’hésitez pas à cliquer pour agrandir, même si le fichier est un peu gros…
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L’image que j’ai utilisée comme couverture de cet article est aussi une image du film, on aura reconnu un ballon « distribuant » le tract « Au travailleur des campagnes », ou Frère on te trompe.