J’interromps, aujourd’hui vendredi 17 mars 2017, veille du 18 mars, provisoirement et brièvement, cette série d’articles consacrés à Émile Duval pour remarquer que le 20 mars, jour où sa chère femme Marie lui apporta son revolver à la Préfecture de police, était, comme cette année, un lundi.

Ce qui m’a amenée à une réflexion sur les calendriers, que vous pouvez mettre sur le compte de ma numéromanie. Et dont je suis consciente des côtés futiles. Mais, après tout, ceci est aussi un blog d’écrivaine…

Cette année (2017), le calendrier est le même qu’en 1871. Cela n’a rien d’exceptionnel, bien entendu, cela est arrivé en moyenne tous les sept ans (et plus précisément, depuis 1905, au bout de 6, 11, 6, 5,…, 6, 11, 6, 5, 6, 11,  6, 5… ans, par exemple, la dernière fois était il y a onze ans, en 2006 et la prochaine dans six ans en 2023).

Je laisse les vrais numéromanes épiloguer sur la spécificité (palindrome, nombres premiers) 17/71 de cette année.

Et je me contente de remarquer que le 18 mars 1871, jour où Thiers a envoyé ses troupes voler, en douce, les canons, de Montmartre et d’ailleurs mais de la Garde nationale, était, comme cette année, un samedi. Ce jour-là, deux généraux haïs furent  exécutés rue des Rosiers, à Montmartre, un événement (ou un non-événement?) dont je parlerai certainement en détail un jour sur ce site, et qui est aussi à l’origine de l’érection du Sacré-Cœur (qui semble hélas être toujours là).

Ainsi, le 19 mars était un dimanche, comme cette année, et il faisait beau, en 1871, ce qui permit à une foule joyeuse de déambuler au soleil dans Paris en commentant gaiement le départ — la fuite — du gouvernement: comme les ouvriers, les petits-bourgeois étaient satisfaits — l’Assemblée avait voté une loi sur les échéances qui allait pousser beaucoup d’entre eux à la faillite et à la ruine. Voyez donc les « Zigzags dans Paris » en page 2 du Rappel daté du 20 mars!

Mais, tout de même, une révolution était en cours.

Une nouvelle révolution pacifique et fière vient de s’accomplir.

La garde nationale, atteinte dans sa dignité et provoquée par le gouvernement de MM. Thiers, Favre et Picard, qui avaient préparé leur tentative par la suppression de six journaux, a répondu aux provocations, aux calomnies et aux mensonges par la déchéance et le mépris.

La troupe, que les généraux de l’empire avaient menée de défaite en défaite jusqu’à l’humiliation suprême, a généreusement refusé de tirer sur les citoyens qui défendaient leurs droits, et a fraternisé avec le peuple contre lequel on avait formé le dessein criminel de la faire combattre.

Paris s’est reconquis. Il est maintenant libre et souverain, maître, de ses destinées et de son avenir. S’il sait prendre aujourd’hui même une résolution énergique et sage à la fois, le triomphe de la République est assuré, et la date du 20 mars sera une des plus grandes de l’histoire.

Je vous laisse lire la suite dans Le Cri du peuple daté du mardi 21 mars (paru le lundi 20) et je vous renvoie à la chronologie de ce site — inutile de la reprendre ici!

Une petite différence, quand même, entre les calendriers de 1871 et de 2017: pendant la Commune, Pâques était le 9 avril. Là encore, je laisse les spécialistes épiloguer sur la fête des Rameaux le 2 avril — Jésus entrant dans Jérusalem / l’armée versaillaise lançant la guerre civile. Cette année les Rameaux sont le 9 avril et Pâques le 16.

La prochaine fois que nous aurons le même calendrier qu’en 1871, ce sera en 2023. Et cette fois, même le comput ecclésiastique sera avec nous: Pâques sera le 9 avril. Rendez-vous sur ce site dans six ans, donc, pour une suite de cet article!

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En parlant de calendriers, les lundis, qui étaient les mêmes en 1871, étaient alors les dates des séances de l’Académie des sciences, ce qui me permet de vous renvoyer à Mai quai Conti, un texte que j’ai écrit à ce sujet (l’Académie des sciences et la Commune) et que l’on peut lire sur le site de l’Oulipo. L’image qui sert de couverture à cet article est une sorte de « résumé » de ce texte, en forme de sextine, ce qui est expliqué au début de Mai quai Conti.

Audin (Michèle)Mai quai Conti, http://oulipo.net/fr/mai-quai-conti (2011).