Pendant la Commune, des clubs se tiennent dans des églises, auxquels participent des hommes et des femmes. Nous avons peu d’informations sur ce qu’ils disent, et surtout sur ce qu’elle disent, je l’ai déjà fait remarquer. Dans le même article j’avais signalé quelques-uns des hommes qui assistaient à ces réunions. Curieux, journalistes, mais aussi dessinateurs. Par exemple Lix, auteur d’une gravure célèbre, parue dans Le Monde illustré du 20 mai 1871. Et que, apparemment, je n’ai pas encore reproduite sur ce site. La voici. On la trouve, avec le dessin dont elle est issue, dans le catalogue de l’exposition Insurgé.es!
Cela se passe à Saint-Germain-l’Auxerrois, la femme qui occupe la chaire est peut-être Lodoïska Kawecka, qui a davantage impressionné l’abbé Fontoulieu (dans son livre anti-communard) que d’autres historiens (voyez le peu que l’on sait d’elle…).
Dans le même numéro du Monde illustré, on trouve une autre image d’église. Cette fois, la scène se passe le 12 mai à Saint-Sulpice. 
Ce n’est pas une séance de club, mais une sorte de bagarre. L’article du Monde illustré dit:
À Saint-Sulpice, une centaine de gardes nationaux sont entrés dans l’église au moment où l’édifice était rempli de fidèles amenés par les dévotions du mois de Marie. Ils ont voulu chasser du temple cette assemblée de fervents, mais une manifestation imposante s’étant produite sur la place pour s’opposer à cette mesure de la Commune, les fédérés se sont retirés. Le lendemain ils sont revenus en plus grand nombre au moment où l’office du soir était commencé et le temple illuminé. Ils ont bousculé les femmes du quartier, qui étaient venues protester en grand nombre et les ont poussées dehors en arrêtant les plus récalcitrantes. La force est restée aux soldats de la Commune et le club du VIe arrondissement a été installé.
Cette fois, l’illustration est gravée d’après un dessin de Daniel Vierge. Et c’est justement de dessins de Daniel Vierge que je voulais vous parler.
D’autres dessins, gravures et aquarelles de cet artiste sont présentes sur ce site (tapez « Daniel Vierge » dans le moteur de recherche à droite de la page, et vous trouverez tout ça). J’aime beaucoup son turco, sa femme en armes, ses pétroleuses, et sa façon de représenter la foule, ou plutôt les groupes d’hommes et de femmes. Nous avons aussi discuté des différences entre un de ses dessins et sa gravure. Cette fois-là, le dessin venait du musée de Saint-Denis. Dans la suite de cet article, c’est de dessins conservés au musée Carnavalet, que Laure Godineau et moi avons pu voir grâce à la gentillesse de M. David Simonneau, que je vais vous parler.
Livres mentionnés
Fontoulieu (Paul), Les Églises de Paris sous la Commune, Dentu (1873).
La Commune de Paris 