Comme annoncé dans les articles 1 (automne 1869), 2 (Rochefort), 3 (Varlin), 4 (les journalistes et la Commune) et comme présenté dans l’article 0 (Demain), voici la Marseillaise, quotidien, quotidiennement.

Attention, c’est un journal du matin, mais il est daté du lendemain.

125. Dimanche 24 avril 1870

Le journal annonce la parution demain dimanche d’un nouveau chant social de Gustave Mathieu, « Le Pauvre » ;

les « Fantaisies politiques » de Dangerville-Rochefort, sont consacrées au « meilleur des manifestes », il y a ceux du centre gauche, du centre droit, de la gauche avancée, de la gauche retardataire, on annonce même que Raspail et Rochefort en méditent un, bruit dénué de toute vraisemblance, selon le polémiste ;

les « Nouvelles politiques » ironisent elles aussi, je note quand même qu’à Vienne où les ouvriers boulangers voulaient se mettre en grève, le ministère de la guerre a mis à la disposition des patrons une manutention et des ouvriers susceptibles de fournir 120,000 pains par jour (baguette viennoise?) ;

eh bien, en voilà, un manifeste, celui des sections parisiennes de l’Internationale, que vous lirez ci-dessous ;

dans son « Courrier politique », Arthur Arnould revient lui aussi sur tous ces manifestes, rappelant que la Marseillaise s’est retirée de ces manifestes qui se fabriquaient « en dehors du concours effectif des forces populaires » et, songeant « résolument à l’action », qu’il croit

que, représentants de l’Association internationale, représentants des groupes ouvriers de toute nature, représentants des anciens comités électoraux, représentants de la presse démocratique, unis par un seul et même désir, nous pouvons très bien nous entendre pour former un comité où, chacun conservant sa façon de voir sur l’abstention ou le vote négatif, tous s’occuperont des moyens pratiques de combattre, la propagande, les ruses et la pression de l’administration;

nouvel entrefilet de Dangerville, « Les mensonges officiels », qui rappelle les deux soldats envoyés en Afrique (voir le journal daté du 29 décembre, par exemple), le ministre de la guerre ayant à l’époque dit aux députés que les soldats ne votaient pas, alors qu’aujourd’hui, ils votent ;

apparition d’une nouvelle signature, celle d’Ulysse Parent, sur « Le Vote de l’armée », justement (je rappelle que le journal fonctionne sans son rédacteur en chef, qui est en prison et ne participe donc pas aux réunions de la rédaction…) ;

des citoyens proposent la formation de comités de propagande vers les départements, le journal publie et signale qu’il envoie ses invendus à ceux qui en font la demande ;

Raspail envoie 5,000 francs à la Société coopérative pour l’enseignement libre et laïque à Lyon pour fonder une école excluant l’enseignement religieux mais pas la morale, avec d’autres conseils ;

« Pas de prêtres en politique », écrit Jenny Marx-J. Williams dans sa « Lettre d’Angleterre » que vous lirez ci-dessous ;

« Informations » sur les divers comités, mais aussi, sachez que Gromier est sorti de Mazas pour être conduit, presque aveugle, dans une maison de santé (voir aussi le numéro daté du 29 avril) ;

sur Fourchambault, lisez les lettres de Malon ci-dessous ;

le comité de grève des fondeurs en fer s’est réuni ;

la société de résistance des ouvriers de Rethel écrit aux ouvriers du Creuzot ;

la chambre syndicale des ouvriers chapeliers de Paris proteste contre le jugement d’Autun ;

celle des ouvriers peintres en bâtiment s’adresse à leurs collègues ;

les teinturiers en soie de Paris envoient 29 fr. 50 c pour les familles des condamnés d’Autun ;

les « Échos » nous ramènent, certes avec humour, à la politique politicienne ;

« Les Journaux » aussi, mais Alphonse Humbert y signale le dessin de Gill ci-dessus ;

il est parfois difficile de reconnaître une annonce d’un article, mais « L’Union métallurgique » est une annonce, comme ce qui la suit ;

il y a des « Faits divers », deux suicides heureusement ratés notamment ;

Gustave Puissant nous recommande Rodolphe Bresdin, graveur au profit duquel une soirée littéraire est organisée ;

la rubrique « Variétés » est un article de Bakounine sur ses propres lettres à Liebknecht ;

les « Communications ouvrières » s’adressent aujourd’hui aux ouvriers facteurs de pianos et orgues ;

il y a des réunions publiques ;

Ranc revient plus longuement sur la pièce de Coppée dont il a déjà parlé avant-hier, pas plus gentiment, pensez, un poète qui parle de « l’asile d’un sein qui est calme et sûr comme un port », je ne sais comment juger la remarque finale sur Agar qui perd une bonne moitié de son talent quand on ne voit pas ses bras nus ;

il y a des souscriptions ;

encore des théâtres ;

et la Bourse.

Bon, beaucoup de choses à lire aujourd’hui, allons-y!

Manifeste antiplébiscitaire

DES SECTIONS PARISIENNES FÉDÉRÉES

DE L’INTERNATIONALE

ET DE LA

CHAMBRE FÉDÉRALE

DES SOCIÉTÉS OUVRIÈRES

À TOUS LES TRAVAILLEURS FRANÇAIS

Citoyens,

Après la Révolution de 89 et la déclaration des droits de 93, la souveraineté du travail est l’unique base constitutive sur laquelle doivent reposer désormais les sociétés modernes.

Le travail, en effet, est la loi suprême de l’humanité ; la source de la richesse publique ; la cause la plus efficiente du bien-être individuel.

Le travailleur seul a droit à l’estime de ses concitoyens ; il impose son honorabilité à ceux mêmes qui l’exploitent ; il est appelé à régénérer le vieux monde.

Voilà pourquoi nous disons aux travailleurs des villes, aux travailleurs des champs, aux petits industriels, aux petits commerçants, à tous ceux qui veulent sincèrement le règne de la liberté par l’égalité : il ne suffit pas de répondre au plébiscite qu’on ose nous imposer, par un vote purement négatif ; de préférer la Constitution de 70 à celle de 1852 ; le gouvernement parlementaire au gouvernement personnel ; il faut qu’il sorte de l’urne la condamnation la plus absolue du régime monarchique, l’affirmation complète, radicale, de la seule forme de gouvernement qui puisse faire droit à nos aspirations légitimes, la RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE.

Insensé celui qui croirait que la Constitution de 1870 lui permettra davantage que celle de 52 de donner à ses enfants les bienfaits d’une instruction intégrale, gratuite et obligatoire pour tous !

D’exécuter la réforme et la réorganisation des grands services publics (mines, canaux, chemins de fer, banques, etc…) au profit de tous les citoyens, au lieu d’être, comme aujourd’hui, un moyen d’exploitation pour la féodalité du capital !

De changer complètement l’assiette de l’impôt qui, jusqu’ici, a été progressif dans le sens de la misère !

De faire rentrer au domaine public les propriétés dont le clergé, séculier et régulier, s’est emparé par des moyens plus ou moins subreptices, au mépris même des lois de 89 et 90 !

De mettre un terme aux abus de pouvoir de tous les fonctionnaires, grands et petits (gardes champêtres, juges d’instruction, commissaires de police, etc., etc….) dont la conduite arbitraire est aujourd’hui couverte par l’article 75 de la constitution de l’an VIII !

De supprimer, enfin, l’impôt du sang, nous voulons dire l’armée permanente, en abolissant la conscription !

Non, citoyens ! il ne saurait en être ainsi. Le despotisme a cela de fatal qu’il ne peut engendrer que le despotisme. L’épreuve en est faite, nous n’avons plus à y revenir.

D’ailleurs, nous ne saurions reconnaître à l’exécutif le droit de nous interroger. Ce droit impliquerait chez nous une sujétion contre laquelle proteste le nom même du pouvoir qui se l’arroge, en indiquant qu’il n’est pas le maître, qu’il est simplement, et rien de plus, l’exécuteur des volontés souveraines du pays.

Si donc vous désirez, comme nous, en finir une bonne fois pour toutes avec toutes les souillures du passé ; si vous voulez que le nouveau pacte social consenti par des citoyens égaux en droits comme ils le sont en devoirs, garantisse à chacun de vous la paix et la liberté, l’égalité et le travail ; si vous voulez affirmer la République démocratique et sociale, le meilleur moyen, suivant nous, c’est de vous abstenir ou de déposer dans l’urne un bulletin inconstitutionnel, — ceci dit sans exclure les autres modes de protestation.

Travailleurs de toutes sortes, souvenez-vous des massacres d’Aubin et de la Ricamarie ; des condamnations d’Autun et de l’acquittement de Tours ; et, tout en retirant vos cartes d’électeurs, afin de montrer que vous n’êtes point indifférents à vos devoirs civiques, abstenez-vous de prendre part au vote.

Travailleurs des campagnes ! comme vos frères des villes, vous portez le poids écrasant du système social actuel : vous produisez sans cesse, et vous manquez la plupart du temps du nécessaire, tandis que le fisc, l’usurier et le propriétaire s’engraissent à vos dépens.

L’empire, non content de vous écraser d’impôts, vous enlève vos fils, vos uniques soutiens, pour en faire les soldats du pape, ou semer leurs cadavres abandonnés dans les terres incultes de la Syrie, de la Cochinchine et du Mexique.

Nous vous conseillons également de vous abstenir, parce que l’abstention est la protestation que l’auteur du coup d’État redoute le plus ; mais si vous êtes forcés de mettre un bulletin dans l’urne, qu’il soit blanc, ou qu’il porte un de ces mots : CHANGEMENT RADICAL DES IMPÔTS !!! PLUS DE CONSCRIPTION !!! RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET SOCIALE !!!

Pour la fédération des sections parisiennes de l’Association internationale des travailleurs :

A. Combault, rue de Vaugirard, 289

Reymond, rue de l’Ouest, 80

Germain Casse, rue de Maubeuge, 94

Berthomieu, membre de la commission de l’Internationale

Lafargue, membre de la section de Vaugirard

E. Lefèvre, 99 rue des Martyrs

Jules Johannard, rue d’Aboukir, 126

J. Franquin, rue de la Verrerie, 42

Pour la chambre fédérale des sociétés ouvrières :

A. Theis[z], ciseleur, rue de Jessaint, 12

Camélinat, monteur en bronze, rue Folie-Méricourt, 34

Avrial, mécanicien, passage Raoul, 15

D. André, ébéniste, rue Neuve-des-Boulets, 17

Bestetti, rue des Boulangers, 16

Pindy, menuisier rue du Faubourg du Temple, 17

Robillard, doreur, rue de Sèvres, 114

Rouveyrole, orfèvre, rue Lesage, 16

LETTRES D’ANGLETERRE

Londres le 19 avril 1870.

« Pas de prêtres en politique » — c’est le cri qui en ce moment se fait partout entendre en Irlande.

Le grand parti qui depuis le « disestablishment » de l’église protestante s’est opposé de toutes ses forces au despotisme de l’église catholique, s’accroît de jour en jour avec une rapidité merveilleuse et vient de battre le clergé à plate couture.

À l’élection de Longford, M. Greville-Nugent, candidat du clergé l’avait emporté sur le candidat du peuple, John Martin, mais les nationalistes contestèrent la validité de son élection, en raison des moyens illégaux à l’aide desquels elle a été obtenue — et ils ont eu raison de leurs adversaires. L’élection de Nugent a été cassée par le juge Fitzgerald qui déclare les agents de Nugent, c’est-à-dire les prêtres, coupables d’avoir corrompu les électeurs en inondant le pays — non de l’esprit saint, mais de l’esprit de vin. II paraît que dans un seul mois, du 1er décembre jusqu’au 1er janvier les révérends pères ont dépensé 3,500 livres sterling en eau-de-vie !

Le Standard se laisse aller à des remarques bien curieuses à propos de l’élection de Longford : « Quant à leur mépris de l’intimidation des prêtres, dit l’organe du « stupid party », les nationalistes méritent des louanges…

« La grande victoire qu’ils ont remportée les encouragera à nommer de nouveau des candidats contre M. Gladstone et ses alliés ultramontains. »

Le Times dit : « Dès le décret épiscopal daté de la ville éternelle jusqu’aux brigues des prêtres ruraux, tout le pouvoir ecclésiastique était rangé d’un côté contre le fenianisme et les nationalistes. Malheureusement cette ardeur n’était pas accompagnée de prudence et aura pour résultat une seconde bataille à Longford. »

Le Times a raison. La bataille de Longford recommencera et elle sera suivie par celle de Waterford, de Mallow et de Tipperary, les nationalistes de ces trois provinces ayant aussi présenté des pétitions afin d’invalider l’élection des députés officiels. A Tipperary, O’Donovan-Rossa avait d’abord été élu, mais comme le parlement le déclara incapable d’être le représentant de Tipperary, les nationalistes proposèrent à sa place Kickham, un des patriotes fenians qui vient de sortir des bagnes anglais. Maintenant les électeurs de Kickham affirment que leur candidat a été dûment élu, bien que Heron, le candidat du gouvernement et des prêtres paraisse avoir une majorité de quatre voix.

Sachez que l’un des quatre électeurs de Heron est un pauvre maniaque qui a été conduit aux urnes par un révérend père — vous connaissez le faible des prêtres pour les pauvres d’esprit, car à eux est le royaume du ciel. Que son second électeur est un cadavre ! oui. — Le parti honnête et modéré a osé souiller le nom d’un homme mort quinze jours avant l’élection en le faisant voter pour un gladstonien. Outre cela, les électeurs patriotes déclarèrent que onze de leurs votes ont été refusés parce que la première lettre du nom Kickham était illisible, que leurs dépêches télégraphiques ont été supprimées, que les autorités ont graissé des pattes à droite et à gauche et qu’on a eu recours à un système d’intimidation abject.

Même dans l’histoire de l’Irlande, la pression exercée à Tipperary marquera. Le bailli et l’agent, ces personnifications des lettres d’éviction, assiégeaient les cabanes des tenanciers afin d’épouvanter les femmes et les enfants des premiers. Les baraques où l’on devait voter étaient entourées de police, de soldats, de landlords et de prêtres.

Ces derniers, assommant à coups de pierre les hommes en train de mettre les affiches de Kickham. Pour comble d’horreur, dans les baraques mêmes, on avait placé l’usurier qui dévorait des yeux son malheureux débiteur pendant qu’il votait. Mais le gouvernement en fut pour ses frais d’imagination. Mil [sic] six cent soixante huit petits tenanciers le bravèrent et donnèrent ouvertement, le secret du scrutin ne les protégeant pas, — leurs suffrages pour Kickham !

Cet acte de courage nous rappelle les luttes héroïques des Polonais.

En présence des batailles livrées à Longford, Malford, Waterford et à Tipperary osera-t-on encore dire que les Irlandais sont les esclaves abjects de la prêtraille.

J. WILLIAMS

La grève de Fourchambault

Fourchambault, le 21 avril 1870

9 heures du matin.

Cher citoyen,

Assistons-nous à un coup d’État hypocrite et manqué ?

La terreur continue dans ce malheureux pays, les arrestations se font de plus belle. A tout moment, les habitants terrifiés voient passer entre deux gendarmes et un peloton de soldats des malheureux enchaînés que l’on conduit au chemin de fer, qui les mène à la prison.

Depuis deux heures on a vu passer ainsi quatre ouvriers et deux soldats, en trois convois différents. Tout le monde est épouvanté, l’on ne marche dans les rues qu’avec crainte, aussi la voie publique est-elle complètement déserte. Les femmes se rassemblent dans les arrières-boutiques pour pleurer et chacun se demande s’il ne va pas être arrêté. J’ai le bonheur de ne pas avoir vu Décembre, mais ceux qui, dans ce pays, ont vu les horreurs de l’état de siège, m’assurent que ce n’était pas pire.

Et je ne peux pas leur dire qu’on n’a pas le droit de les emmener à Cayenne sans jugement. « Est-ce que Bonaparte ne prend pas tous les droits, » me disent-ils. Ayant quitté Torteron hier matin, je ne sais combien ont été faites de nouvelles arrestations dans le Berry. On me parle de 12, ce qui porterait le total dans les deux départements à une centaine, et ce n’est qu’un commencement, paraît-il.

Si nous avions eu des députés un peu moins valets de chambre, ils siégeraient encore et on pourrait les inviter à demander à l’homme aux lunettes bleues si c’est par son ordre qu’on terrorise deux départements connus pour leurs convictions républicaines et socialistes. Quoiqu’il en soit, M. Girault, du Cher, ne pourrait-il s’inquiéter un peu de cette arrestation de ses électeurs ?

La Marseillaise a parlé de l’alerte de la Guerche, cela ne nous a pas surpris. Les routes de communication entre le Nivernais et le Berry sont pleines d’estafettes militaires qui passent au grand trot toutes les deux heures, comme si l’ennemi était à Bourges ou à Nevers. Les soldats vont, paraît-il, y rester jusqu’après le plébiscite.

Employer la jeunesse des enfants du peuple à maintenir, par des fusillades ou des charges, des ouvriers malheureux dans leur misère, dans leur servitude industrielle, ne suffit pas à M. Olivier, il les emploiera encore à faire voter les gens de force, et, le neuf mai, on nous annoncera que le peuple français a ratifié son ignominie.

Avec la répression militaire, les vengeances des usiniers. De nombreux renvois sont effectués et des listes (non étrangères à la désignation des arrestations) sont dressées qui en font présager bien d’autres. Les bonapartistes emprisonnent et terrorisent, les bourgeois affament et dénoncent. Tout va bien.

Vous vous demandez, peut-être, comment il se fait que votre correspondant ne soit pas inquiété.

En effet, être correspondant de la Marseillaise et membre de l’Association internationale des travailleurs doit être ici un cas pendable. Je crois ne devoir ma pleine liberté de séjour qu’à ce fait que je ne suis pas encore connu : on a bien de vagues soupçons cependant. Hier un ouvrier ayant eu l’extrême imprudence de me saluer en pleine rue, un des directeurs voulut le forcer à dire qui j’étais, et ce que je faisais ici et quand je vous aurai dit que ce directeur cumule à l’instar de M. Schneider, la direction municipale avec la direction industrielle vous comprendrez ce que cet interrogatoire a de peu rassurant.

Ils ne diront pourtant pas que ce sont les journaux qui gâtent les ouvriers. Dans cette cité industrielle de 8,000 habitants, il n’y a même pas de libraire et saurait-on lire, on pourrait d’autant moins acheter de journaux qu’on ne peut même pas manger du pain en travaillant et que l’on vit, je ne sais comment, pendant les chômages qui sont longs et fréquents. N’importe ! ils ont peur d’un étranger comme le hibou de la clarté du jour. Dame, si ce passager allait porter un peu de lumière sur leurs cyniques opérations.

Cela me fait penser au vieux dicton des paysans de mon pays : Les filous ont peur de la lumière.

Au dernier moment, on m’assure que dans le seul quartier de la Brasserie, il a été fait plus de dix arrestations depuis ce matin. Comme tout est dans la terreur et que la crainte est prompte à l’exagération je n’inscris ce bruit que sous toutes réserves.

Ce soir, je vous adresserai une autre correspondance.

À vous fraternellement,

B. MALON

Fourchambault, le 21 avril 1870

5 heures du soir

Cher citoyen,

Il ne s’est pas fait de nouvelles arrestations depuis ce matin. Sans savoir encore dans quelle proportion s’étendra la répression, il n’en est pas moins utile d’éclairer déjà l’opinion publique, juge suprême, sur les faits matériels qui vont servir de base aux deux procès qui vont se plaider, l’un à Nevers, l’autre à Saint-Amand. À la charge de Fourchambault, on parlera du pillage du marché, de l’irruption en masse à Torteron et à Nevers.

Voyons ces deux faits :

Des femmes aigries par une misère dont on ne trouve nulle part un pareil exemple, pas même au Creuzot, surexcitées par la grève qui agitait le pays et par une plus grande cherté qu’en raison des circonstances les marchands avaient cru devoir créer, taxent les marchandises au-dessous des prix de rémunération légitime et les achètent à ce prix. Il y a tumulte, sans aucune rixe cependant : des citoyens sont renversés, des haricots répandus, et quelques femmes, trois, dit la rumeur publique, se laissent aller à la pensée déplorable de ramasser un jambon et quelques tranches de lard, et de les emporter.

Le jambon et une partie du lard ont été rendus par les personnes qui les avaient ramassés ou repris par l’autorité et remis entre les mains des légitimes propriétaires. Dans toute cette affaire, les hommes n’ont été pour rien, ils en ont été très affectés et l’ont sévèrement blâmée. Les femmes qui sont en ce moment sous les verrous y sont également étrangères. Voilà pour le marché.

Quant à la visite à Torteron ce serait aux ouvriers de ce pays à s’en plaindre et loin de là ils ont reçu les visiteurs avec joie et leur ont fait le plus fraternel accueil. À Nevers on ne trouve pas les ouvriers de la Pique qui n’ont pas, du reste, cessé le travail un seul jour. Il n’y a donc pas eu de violence contre eux. Enfin, dans ces deux pérégrinations, aucun dégât n’a été commis.

Les paysans berrichons ont à leur charge en plus du voyage à Nevers, un acte de violence contre un facteur et le passage du pont de la Loire.

Sur les hauteurs de Jouet, un facteur pris de peur en voyant la foule qui, de Torteron, descendait à Fourchambault, précédée de deux tambours, et en chantant la Marseillaise, se prit de peur et s’enfuit à travers champs.

Deux Torteronnais le hélèrent, coururent après, le rattrapèrent et l’invitèrent à venir avec eux à Fourchambault.

Il refusa, se dégagea de leur étreinte, et s’enfuit en leur abandonnant son sac qui fut jeté à terre. Deux ou trois gamins ramassèrent des lettres et les jetèrent ; le sac fut ramassé par deux mineurs, qui, au retour, les rendirent à son propriétaire.

Le feu a aussi été mis dans le bois d’un principal actionnaire de la compagnie, par qui ? Voilà la question, et pourquoi en jetterait-on la responsabilité sur les grévistes qui condamnent autant ce fait que celui du marché et celui du facteur ; hâtons-nous, du reste, de dire que les dégâts sont de très peu d’importance. Reste le passage du pont de la Loire. Aussitôt que le départ des Torteronois est connu à Fourchambault, on ferme les grilles du pont du côté du Berry, et derrière la grille une compagnie du 12e est postée avec ordre de fermer le passage.

Un bataillon, un détachement de lanciers et un détachement de gendarmerie se déployaient sur la levée de droite du côté de Fourchambault, et les ouvriers de cette localité étaient irrégulièrement massés un peu derrière et à proximité des maisons qui regardent la Loire.

Les paysans berrichons se présentent à la grille. « On ne passe pas. — Il faut que nous passions ». L’officier fait charger les armes. Les Berrichons ne bronchent pas. « Chargez ou ne chargez pas, disent ceux qui sont en tête, il faut que nous passions, nous passerons. » Officier et soldats ne peuvent se résoudre à consommer une hécatombe humaine qui peut avoir les plus sanglantes conséquences. Pendant ce temps les grilles sont arrachées, les baïonnettes relevées avec les mains, et un premier groupe de grévistes s’engage sur le pont.

Les soldats se rangent de bonne grâce et la foule se précipite sur ce pont qui a bien 300 mètres de long. Les tambours battent de nouveau, et le chant de la Marseillaise, les cris de : « Vive Rochefort ! Vive Ledru-Rollin ! Vive la troupe ! A bas la calotte ! » retentissent de toutes parts, et les deux colonnes ouvrières se rejoignent avec une effusion de joie qui se traduit par le cri de: « Vive la République ! » Sur la place Saint-Louis, deux pièces de vin offertes, l’une par un marchand de vin, l’autre par les ouvriers, et une provision de pain aussi achetée par les ouvriers, attendaient la foule.

Les ouvriers des deux pays, au nombre d’environ 4,000, fraternisèrent là avec un enthousiasme et une cordialité qui rappellent les grands jours des fédérations provinciales en 90. Quelques heures après on partait pour Nevers. En se trouvant réunis en aussi grand nombre, ces paysans qu’un labeur, ingrat, incessant, aggravé d’une misère inouïe, presque dans les souffrances de l’isolement se sont sentis républicains; voilà leur crime impardonnable, voilà pourquoi plus de cent sont déjà arrêtés, pourquoi au nom de la société en péril les procureurs du dernier empire font requérir contre eux les peines les plus sévères.

L’opinion publique les jugera en dernier ressort.

À vous,

B. MALON

VARIÉTÉS

LETTRES SUR LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE

EN RUSSIE, ADRESSÉES AU CITOYEN LIEBKNECHT,

RÉDACTEUR EN CHEF DU Volkstaat

par M. Bakounine

Citoyen rédacteur,

Je commence par vous remercier de la reproduction, dans votre journal, de mon appel aux jeunes Russes et de la lettre adressée à la rédaction de la Marseillaise ; et je vous remercie encore davantage de votre appréciation sympathique du mouvement révolutionnaire qui se produit actuellement en Russie.

Cette sympathie, venant de l’Allemagne, est un fait nouveau pour nous. Pendant bien des années nous n’avons rencontré dans votre pays qu’antipathie et défiance. Sans parler des calomnies à l’aide desquelles on a voulu écraser les personnes qui représentent ce mouvement à l’étranger, calomnies sur lesquelles malheureusement j’aurai encore à revenir, je dois constater que les publicistes qui représentent le libéralisme, le radicalisme et même le socialisme bourgeois en Allemagne, ne se sont pas contentés d’attaquer le gouvernement et l’empire russe que, nous autres, révolutionnaires russes, détestons avec une intensité de haine dont les démocrates allemands ne pourront jamais approcher. Non ! ils ont attaqué le peuple russe tout entier; ce qui n’était ni raisonnable, ni juste, ni même très habile de leur part. Donnant raison au proverbe : « Celui qui prouve trop, ne prouve rien », ils ont dépassé le but qu’ils voulaient atteindre, en manifestant, devant le public, beaucoup de haine aveugle et inconsidérée, un parti pris de dénaturer les faits et beaucoup d’ignorance.

Comment se fait-il que les Allemands, qui ont une si grande réputation de science et de conscience, et qui ont tant de tact pour saisir les hommes et les choses, les nations aussi bien que les individus, sous leur aspect réel et vivant, pour ainsi dire, comment se fait-il que, quand ils se mettent à parler des Russes et de la Russie, ils perdent toutes ces éminentes qualités ?

Ah! c’est que nous sommes trop voisins, et depuis un siècle et demi nous ne cessons d’exercer une influence funeste les uns sur les les autres.

Ne vous étonnez pas, citoyen, que je parle d’une influence funeste mutuelle, et pas seulement de l’influence malfaisante que l’empire de Russie a toujours exercée sur l’Allemagne.

Vous n’ignorez sans doute pas que la Russie fut civilisée en grande partie par les Allemands, mais vous savez aussi que, dans la civilisation allemande, il y a trois parts distinctes et absolument séparées les unes des autres. La première, devant laquelle nous nous inclinons avec un profond respect et avec une ardente sympathie, c’est votre monde idéal, votre science et votre art humanitaire, un monde qui, bien que créé en Allemagne, ne s’est encore jamais réalisé en Allemagne et qui plane au-dessus de votre triste réalité gouvernementale et bourgeoise comme un beau rêve.

À l’opposé de ce monde des idéalités humaines, vous avez votre monde officiel: le monde très réel, très brutal de vos princes, de votre noblesse, de votre clergé si servile, de votre armée et de votre bureaucratie. Ce monde, vous le savez mieux que moi, citoyen, n’a rien à faire avec l’humanité, ni avec votre science, ni avec votre art, ni avec rien de ce qui constitue la gloire impérissable du peuple allemand. Il est la négation stupide, arrogante et cynique de tout cela. Il ne connaît d’autre culte que celui de l’autorité et ne représente rien que la force brutale des princes, ou autrement dit de l’État, organisé avec tout le pédantisme, à la fois consciencieux et servile, du fonctionnarisme allemand.

Entre ces deux mondes extérieurs, il y a le ventre, c’est-à-dire le monde bourgeois. La bourgeoisie allemande est un corps respectable et qui joint à beaucoup de vertus domestiques, une grande circonspection politique. Se trouvant entre le monde idéal et le monde officiel qui s’excluent, elle aspire éternellement au premier sans l’atteindre jamais, et proteste continuellement contre le second, sans jamais pouvoir — et j’ajouterai même, sans jamais vouloir — s’en séparer.

Très libérale et même très démocratique dans ses rêves, la bourgeoisie reste toujours en réalité le très humble sujet et la victime très résignée de son prince, de sa noblesse, de son armée, de sa bureaucratie, de l’État.

Aujourd’hui il y a un quatrième monde qui s’élève enfin en Allemagne. C’est le monde de la démocratie socialiste, celui du travail et du travailleur, c’est le monde de demain. Il réalisera en Allemagne, comme dans tous les autres pays, ce que la bourgeoisie n’a jamais su que rêver: l’humanité, la justice et la liberté intégrale de chacun dans l’égalité complète de tous.

De tous ces mondes qui constituent la civilisation allemande, deux seulement ont exercé une certaine influence en Russie: le monde idéal et le monde officiel. Celui des travailleurs étant tout nouveau et ne datant pour ainsi que d’aujourd’hui, n’a pas encore eu le temps de pousser son action vers l’Orient, et, d’autre part, le monde de la bourgeoisie allemande est tellement opposé, par sa nature et ses mœurs, au caractère national du peuple russe, qu’il n’a jamais pu avoir de prise sur lui.

Par contre, l’action de votre monde idéal sur notre jeunesse universitaire fut immense. Depuis Lomonosoff que nous considérons comme le père de la science et de la littérature russes, et qui étudia en Allemagne, dans la moitié du dix-huitième siècle, sous les auspices de Wolff, le continuateur et le vulgarisateur du système philosophique de Leibnitz, jusqu’à ce jour et surtout pendant les trente années d’esclavage silencieux que nous endurâmes sous le sceptre de fer de l’empereur Nicolas, la science, la métaphysique, la poésie et la musique de l’Allemagne furent notre refuge et notre unique consolation. Nous nous enfermions dans ce monde magique des plus beaux rêves humains, et nous vivions en lui beaucoup plus que dans la réalité affreuse qui nous entourait et dont, conformément aux préceptes de nos grands maîtres allemands, nous nous efforcions de faire abstraction. Moi qui vous écris ces lignes, je me rappelle encore le temps, où, Hégélien fanatique, je croyais porter l’absolu dans ma poche, considérant avec dédain le monde entier, du haut de cette prétendue vérité suprême.

La génération actuelle, plus sage que nous, ne s’occupe plus du tout de métaphysique. Elle ne veut plus entendre parler ni du bon Dieu de la théologie, ni de l’Être abstrait et suprême des métaphysiciens. Ennemie de tout despotisme, elle adhère de tout cœur à la déchéance du maître céleste proclamée par l’athéisme antique et moderne. Elle dédaigne également votre science juridique, qu’elle considère, avec beaucoup de raison, comme la métaphysique de l’iniquité et comme la négation du droit humain. Et elle repousse avec le même dédain votre science économique, politique, historique, en tant qu’elle est fondée sur la jurisprudence et sur la métaphysique.

Par contre, elle a adopté avec passion les idées émises par Auguste Comte et par Buckle, sur la nécessité de donner pour base aux sciences historiques la science de la nature, ainsi que les idées de Darwin sur le développement et la transformation des espèces. Elle admire Feuerbach, ce grand démolisseur de la philosophie transcendante. Les noms de Büchner, de Vogt, de Moleschott, de Schiff et de tant d’autres chefs illustres de l’école réaliste en Allemagne, sont peut-être plus populaires parmi nos étudiants russes que parmi les fils de bourgeois qui dépensent leur jeunesse dans vos universités. À peine un ouvrage de science positive apparaît-il en Allemagne, en Angleterre ou en France, qu’il est aussitôt traduit et retraduit, lu et relu en Russie. Il en est de même pour toutes les œuvres de l’école socialiste moderne. Les œuvres de Proudhon, de Marx, de Lassalle, sont au moins aussi populaires en Russie que dans leurs propres pays.

Je le dis avec joie, avec orgueil: notre jeunesse russe — je parle naturellement de la majorité, — est passionnément réaliste et matérialiste dans toutes ses théories, mais en même temps, elle est idéaliste en pratique, dans le sens qu’elle cherche la vérité avec [une] passion si ardente, qu’elle supporte avec indifférence les privations les plus dures — très souvent le défaut de vêtements nécessaires, la faim et le froid — et que, pour elle, le triomphe des grands principes égalitaires, qui constituent aujourd’hui toute sa religion, passe au-dessus de toutes les considérations de carrière, de position et de personnes.

Ses élans juvéniles ne sont point paralysés par ces calculs d’avenir qui refroidissent le sang dans les veines de vos étudiants allemands, et qui font que dans les héros les plus bruyants et les plus batailleurs de vos universités, si l’on cherche bien, l’on trouve déjà les germes des sujets rangés, pacifiques et soumis de demain. Sortie en grande partie du peuple, toujours peuple par la misère, la majorité au moins de notre jeunesse étudiante mène une existence d’ascètes : elle souffre, elle étudie, et elle travaille à l’affranchissement de son pays.

C’est grâce à cet idéalisme pratique qui l’anime, qu’elle est capable, à l’heure qu’il est, de se dévouer tout entière à la grande cause de l’émancipation du peuple.

Cet idéalisme est produit par deux causes. La cause principale sans doute, c’est précisément cette condition misérable, cette pauvreté salutaire de notre jeunesse, qui voit non seulement son présent, mais encore tout son avenir condamnés par l’organisation politique, économique et sociale de l’empire.

Nous sommes assez socialistes tous les deux, n’est ce pas, citoyen, pour savoir que les positions exercent une action toute puissante sur le caractère et sur les tendances théoriques et pratiques des individus. Aussi, beaucoup moins sanguinaires que les hommes d’État de toutes les couleurs, réactionnaires ou jacobins, nous demandons que dans la Révolution universelle et sociale qui approche à grands pas, on détruise radicalement les États, les positions privilégiées et les rapports juridiques qui existent aujourd’hui entre les hommes et les choses, et non pas les hommes. En transformant hardiment, pleinement, l’organisation économique de la société, en écartant, avec toute l’énergie nécessaire, les obstacles qu’on s’efforcera d’opposer à cette transformation de l’iniquité sociale en justice sociale, on créera un monde nouveau.

Revenant à la jeunesse russe, j’observe donc que la grande majorité des étudiants de nos universités, de nos gymnases, de nos académies, de nos séminaires, n’ont absolument aucune carrière, aucun moyen d’existence assurés, ce qui fait que, avant tout, elle est révolutionnaire par position, — et c’est, suivant moi, la manière la plus sérieuse et la plus efficace d’être révolutionnaire — mais elle l’est aussi par ardente et profonde conviction. Et rien autant que la science allemande n’a contribué à former en elle cette conscience et cette conviction.

Cela peut étonner, parce que cette science occidentale, qui pousse notre jeunesse à la révolution sociale, produit assez souvent l’effet opposé sur votre jeunesse. Elle transforme beaucoup de vos étudiants, non en socialistes révolutionnaires, mais en doctrinaires ou prêtres de la science, formant une caste à part: l’aristocratie de l’intelligence. Les membres de cette caste ont ordinairement le cœur plein de dédain pour les masses populaires; ils les méprisent à cause de leur ignorance, eux, les hommes scientifiques. Ils se croient appelés à établir la justice et ne jugent pas le peuple capable de la conquérir et de l’organiser par lui-même. Ils rêvent la dictature ou plutôt une sorte d’état ouvrier, ce qui est encore, pour ces enfants de la bourgeoisie, pour les privilégiés de l’intelligence, un moyen de gouverner le peuple. Car s’il subsiste un État quelconque, il y aura, nécessairement besoin d’hommes d’État ; et, infailliblement, il se formera une classe d’hommes d’État.

Nous possédons aussi, en Russie, — bien que dans une proportion beaucoup moindre — une jeunesse doctrinaire. Et les causes de ce doctrinarisme sont précisément celles qui impriment ce caractère exclusif à la majorité de votre jeunesse bourgeoise: une position privilégiée, l’espoir d’une carrière certaine. Pour vouloir, avant tout, et plus que tout autre chose, l’émancipation du peuple, il faut être solidaire des souffrances du peuple.

Telle est précisément la position de l’immense majorité des étudiants russes. Dans un discours que j’ai prononcé il y a un an et demi à peu près, au Congrès de la Paix et de la Liberté, à Berne, j’avais dit qu’elle comptait dans son sein plus de quarante mille jeunes gens absolument déclassés et ne pouvant trouver d’autre issue pour sortir de la misère actuelle que la Révolution. N’est il pas naturel alors que votre science qui aboutit théoriquement à la négation de toute autorité divine et humaine et à l’établissement de l’égalité dans le monde social, pousse cette jeunesse, qui est révolutionnaire aussi bien par position que par conviction, au-delà des discussions théoriques, à l’action?

Vous voyez bien, citoyen, que, loin de vouloir nier les bienfaits que nous devons à la science allemande, nous nous inclinons devant elle avec un profond respect. Dans ma seconde lettre, je vous entretiendrai de l’influence malfaisante que votre monde officiel a exercée sur la Russie.

Genève, le 8 avril 1870

M. BAKOUNINE

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L’image de couverture est celle de Gill à la une de l’Éclipse datée du 24 avril, que j’ai agrémentée d’un slogan dû à Humbert (dans la revue de presse d’aujourd’hui). Elle vient de Gallica, là.

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