Revenons aux mineurs inculpés au Creusot, « jugés » et condamnés à Autun et à Dijon en avril 1870 (sentences d’Autun le 9, en appel à Dijon le 27). Pour mémoire, le verdict inouï d’Autun est dans La Marseillaise du 11 avril, celui de Dijon dans celle du 30 avril, et plus d’informations sur le procès de Dijon dans les numéros 129, 130, 133, 144, et 146 de La Marseillaise.

Les noms de ces ouvriers ont été lus par des juges inattentifs, entendus et notés par un journaliste bienveillant mais capable d’erreurs, transmis à la Marseillaise par courrier ou par télégraphe, composés par des typographes pressés, imprimés plus ou moins baveusement, usés par la mauvaise conservation du papier, brouillés par la médiocre qualité des reproductions, nous y avons ajouté des coquilles… bref, les noms de ces ouvriers courageux et respectables ont été mis à rude épreuve.

Comme le dit mon ami Jean-Pierre Bonnet:

Ton blog est indexé, donc, tu verses éventuellement ta contribution à l’existence de noms inexacts.

Lui-même a pris grand soin de ces ouvriers et de leurs noms, en m’envoyant (quotidiennement) des corrections à ce que je publiais de la Marseillaise (quotidienne). Il s’est adressé aux archives départementales de la Saône-et-Loire, qui lui ont donné les renseignements qu’elles avaient sur ces ouvriers. Il a compulsé l’état civil…

Je ne fais que reproduire ici les résultats de ses recherches. Et, bien entendu, je les remercie, lui et ses interlocuteurs des archives — pour nos amis du Creusot.

Quelques commentaires, avant la liste.

  • Tous ces inculpés sont peu ou pas lettrés. À ce titre, ils ont laissé peu de traces dans l’histoire.
  • On verra que la plupart sont nés au Creusot ou dans les environs. Précisément, sur les 26 inculpés d’Autun, 18 sont de Saône-et-Loire, 2 de la Loire, 2 de la Nièvre, 2 de la Haute-Saône, et seulement 2 sont nés un peu plus loin (un du Cher et un de l’Ardèche). La rumeur selon laquelle il s’agirait d’étrangers ne tient donc pas.
  • Ce sont des hommes (et une femme) jeunes. Trente et un ans en moyenne, mais seulement deux ont plus de quarante ans. Évidemment, connaître l’espérance de vie des mineurs à cette époque éclairerait cette moyenne. La durée moyenne de la vie des quinze dont nous connaissons la date de la mort est de cinquante-deux ans.
  • Il y a évidemment en janvier le cas d’Assi, et par la suite, autour de lui, des non mineurs, Supplissy horloger, Gaffiot vannier. S’il y a tant d’étrangers, pourquoi n’en trouve-t-on aucun au banc des accusés d’Autun ?
  • Joseph Alemanus, celui qui criait « La République universelle est arrivée! » en vendant La Marseillaise datée du 21 mars, était un  enfant « déposé » (et son nom « latin » est dû à la fantaisie de l’officier d’état civil). Il était réputé (au cours des procès) illettré. Il a pourtant signé assez lisiblement sur les registres de l’état civil. Noter aussi qu’il était le seul à porter une cravate et une redingote: ce n’était pas un mineur.
  • Presque tous sont mineurs au Creusot, sauf Alemanus, Jeanne Vailleau et deux puddleurs. Après les jugements, il semble qu’aucun n’ait été repris chez son Excellence Eugène Schneider. Tel ou tel revenu au Creusot y a fait autre chose: cordonnier, couvreur. Il est possible que l’un ou l’autre soit revenu habiter sa maison du Creusot tout en travaillant ailleurs. Beaucoup (seize) sont allés travailler sur un autre bassin minier du département, en particulier à Montceau-les-Mines.
  • Les informations d’état civil ont été recherchées patiemment, longuement et minutieusement par Jean-Pierre Bonnet, qui est le véritable auteur de cet article. Elles viennent surtout des naissances et (plus rarement) des mariages d’enfants. Vu l’âge moyen des intéressés, leurs dates de décès entrent souvent (on le suppose) dans une plage de l’état civil qui n’est pas disponible en ligne.
  • Les informations sur les peines (en rouge ci-dessous) viennent du Courrier de Saône-et-Loire daté du 28 avril 1870 — différentes graphies des noms y sont indiquées.
  • Tout ce qui est en vert vient du registre d’écrou d’Autun, via les archives départementales de Saône-et-Loire.

Voici donc nos amis, en bleu, avec en rouge les peines, à Autun (A) et Dijon (D) et en vert les renseignements figurant sur le registre d’écrou de la prison d’Autun. À défaut de photographies et de descriptions littéraires, les données brutes du « signalement » et de la façon dont les prisonniers étaient habillés lors de leur incarcération.

Alemanus, Joseph, 51 ans, né vers le 17 mars 1819 à Roanne (déposé le 17 au tour de l’Hospice), mort le 15 août 1883 au Creusot

1,65 m, nez gros, bouche grande, barbe châtain, cheveux, sourcils châtain, visage rond, front haut, teint pâle, yeux bruns,

chapeau noir, chemise blanche, cravate soie noire, redingote noire, gilet noir, pantalon noir, bottines

  • charpentier, puis négociant et enfin rentier
  • membre de l’Association internationale des travailleurs.
  • marié avec Philiberte Arnoud (ils ont au moins 4 enfants),
  • puis avec Françoise Piochet
  • 2 mois (A),
  • transféré à Dijon le 10 avril
  • 4 mois (D)

Batisse, Jean, 19 ans, né le 17 août 1850 à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), date de la mort inconnue (de nous) (il a été recensé à Bar-le-Duc en 1906),

1,608 m, nez moyen, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage rond, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise blanche, pantalon gris, cravate jaune, blouse bleue, pantoufles

  • mineur au Creusot
  • marié (à Bar-le-Duc, en 1876) avec Sidonie Guyot (ils ont deux enfants),
  • 3 mois (A),
  • peine commencée le 16 mai, transfert à Chalon le 7 juin
  • 3 mois (D), libéré le 16 août.

Bertrand, Simon Marie, 31 ans, né le 8 novembre 1838 à Anost (Saône-et-Loire), date de la mort inconnue (de nous) (il était réputé décédé lors du décès de sa femme, à Saint-Étienne le 20 février 1902)

1,70 m, nez long, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage rond, front haut, teint ordinaire, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, gilet noir à points blancs, paletot noir, souliers

  • mineur au Creusot, puis?
  • marié à Marie Dulet (dont l’orthographe du nom varie, Dulet le jour du mariage, Duley à la naissance, en 1865, de leur fils René, Dulay en 1869, sur l’acte de naissance d’une première Lazarette, Dulet en 1870, sur l’acte d’une seconde Lazarette, Dulay sur son acte de décès en 1902)
  • 6 mois (A), 
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 6 mois (D)

Camberlin, Lucien (ou Pierre), 34 ans, né vers le 18 avril 1836 (date où il est déposé, à l’âge d’environ trois jours) à Autun, mort le 14 juillet 1872 à Tavernay (Saône-et-Loire)

1,62 m, nez moyen, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtain foncé, menton rond à fossette, visage long, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, gilet tricot, paletot noir, pantalon velours noir, souliers

  • puddleur à Decazeville, mineur au Creusot, puis à Maubeuge, puis de nouveau à Decazeville, puis à Tavernay
  • marié (à Decazeville, le 29 octobre 1862) avec Louise Désirée Lemesle (Lemesle, également décliné Lemêle, Lemel, Lemelle,
  • ils ont eu des enfants
  • 2 ans (comme Chambertin) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 1 an (Camberlin) (D)

Debarnot, Jean François, 38 ans, né le 9 mai 1832 à Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), mort le 31 mars 1893 à Montceau-les-Mines,

1,70 m, nez long, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton long, visage long, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, gilet velours noir, blouse bleue, pantalon drap noir, bottes

  • mineur au Creusot puis à Montceau-les-Mines
  • marié avec Jeanne Camut
  • puis avec Reine Ducreux
  • 8 mois (comme Dubarnaud) (A), 
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 8 mois (Dubarnaud) (D)

Degueurce, François, 39 ans, né le 11 décembre 1830 à Blanzy (Saône-et-Loire), mort le 8 novembre 1872 à Montceau-les-Mines,

1,66 m, nez gros, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtain, menton rond, visage rond, front haut, teint brun, yeux bruns

chapeau noir, chemise couleur, gilet coton rouge et noir, paletot noir, pantalon noir, souliers

  • décédé « dans les travaux du puits houiller Sainte-Eugénie », en même temps que son fils Claude, âgé de 18 ans
  • mineur au Creusot (puis à Montceau-l.M.)
  • marié à Denise Debarnot
  • 3 mois (comme Degueurse) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 3 mois (Degueurse) (D)

Deley [parfois Delay], Jean Marie, 34 ans,né le 19 avril 1836 à Montcenis (Saône-et-Loire), mort le 6 janvier 1900 à Blanzy (Saône-et-Loire), fils de Jacques Deley et Louise Moussu

  • manœuvre au Creusot
  • réputé célibataire et sans domicile fixe au jour de son décès
  • absent aux deux procès, défaillant en appel (comme Delay) (A), 13 mois (D)

Delhomme, Benoît, 22 ans, né le 5 février 1848 à Blanzy (Saône-et-Loire), date de la mort inconnue (de nous) (après le 18 juillet 1882, jour du décès de sa fille Françoise Léontine au Creusot)

1n65 m, nez long, bouche grande, barbe naissante, cheveux, sourcils châtains, visage rond, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, blouse bleue, gilet brun, pantalon noir, brodequins

  • mineur, résidant à Saint-Léger-sur-Dheune (Saône-et-Loire) au jour de son mariage
  • puis couvreur au Creusot
  • marié à Jeannie Moine (Le Creusot, 29 avril 1871), ils ont trois enfants décédés en bas âge
  • 6 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 3 mois (D)

Desplanches, Pierre, 29 ans, né le 28 janvier 1841 à La Tagnière (Saône-et-Loire), mort le 17 avril 1899 à Montceau-les-Mines,

1,595 m, nez moyen, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage rond, front rond, teint pâle, yeux gris bleu, un petit signe sur la joue droite, cicatrice au front XX

casquette noire, chemise couleur, paletot noir, blouse bleue, cache-nez laine rouge, pantalon noir, souliers

  • manœuvre (mineur ?) au Creusot, puis à Montceau-les-Mines
  • marié (Le Creusot, 1863) avec Antoinette Granger (morte à Montceau-les-Mines, 26 janvier 1887), ils ont eu 5 enfants
  • 2 ans (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 18 mois (D)

Detilleux, Jean, 26 ans, né le 8 août 1843 à Saint-Léger-de-Fougeret (Nièvre), date de la mort inconnue (de nous) (il était présent à Montcenis au recensement de 1906)

1,63 m, nez moyen, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage rond, front rond, teint brun, yeux bruns

chapeau noir, chemise flanelle, blouse bleue, gilet gris, pantalon gris, sabots, tricot coton bleu et blanc

  • mineur au Creusot, journalier à Paris, cordonnier au Creusot, coquetier à Montcenis
  • marié à Antoinette Forêt (Forest) (25 novembre 1865, Le Creusot)
  • ils habitent Paris 12e en 1872, où naît leur fils Guillaume Jean (le 11 juin 1872)
  • ils sont toujours à Paris en 1874 (naissance de leur fils Achille Constant)
  • Jean et Antoinette Detilleux sont recensés à Montcenis (Saône-et-Loire) en 1911
  • 8 mois (comme Detilleul) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 8 mois (Detilleul) (D)

Dulet, Charles, 26 ans, né le 24 octobre 1843 à Laroche-Millay (Nièvre), date de la mort inconnue (de nous) (il était témoin à Monceau-les-Mines, le 3 octobre 1885, au mariage de sa nièce Pierrette Dulet avec André Berthillier), il était fils de Pierre Dulet (dit aussi Duley) et de Lazarette Sauvageot (dite aussi Sauvaget), il a une sœur, Françoise, connue sous le nom de Duley, de même son fils Claude (né en 1874) est enregistré sur sa feuille matricule comme Duley

1,45 m, nez moyen, barbe, cheveux, sourcils châtains, visage rond, front rond, teint frais, yeux bruns, petit signe à la joue gauche

casquette noire, chemise blanche, blouse bleue, gilet de laine à carreaux, pantalon de drap noir, souliers

  • mineur au Creusot, à Marcilly, à Montceau-les-Mines
  • marié (à Marcilly-lès-Buxy, Saône-et-Loire, le 4 octobre 1872) avec Marguerite Coquillon, ils ont eu au moins deux fils, Claude (1874), un autre Claude (1882)
  • 2 ans (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 18 mois (comme Dulay) (D)

Gandrey, [devient Gandré] François, 23 ans, né le 26 avril 1847 à Saint-Eusèbe (Saône-et-Loire), mort le 23 janvier 1887 à Montceau-les-Mines,

1,65 m, nez long, bouche grande, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage long, front haut, teint ordinaire, yeux gris bleus

casquette noire, chemise couleur, gilet laine, blouse bleue, pantalon bleu, sabots

  • mineur au Creusot, puis à Montceau-les-Mines
  • marié à Jeanne Delhomme, Le Creusot, le 23 juillet 1868, ils ont cinq enfants nés au Creusot, puis à Montceau-les-Mines
  • 6 mois (comme Gaudry) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 1 mois (comme Gandré) (D)

Jeannet, Pierre, 25 ans, né le 17 février 1845 à Bourges, date de la mort inconnue (de nous)

1,60 m, nez gros, bouche grande, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, front rond, teint ordinaire, yeux bruns

casquette noire, veste bleue, gilet noir, pantalon noir, souliers, chemise couleur

  • mineur au Creusot
  • 6 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 2 mois (D)

Jordhery / Jordhéry / [Jordéry], Henri, 23 ans, né le 4 décembre 1836 à Sainte-Hélène (Saône-et-Loire), date de la mort inconnue (de nous) (il était présent à Saint-Bérain, au recensement de 1911)

1,725 m, nez gros, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, visage rond, front haut, teint pâle, yeux bruns, œil du côté gauche louche

casquette noire, chemise couleur, gilet velours, pantalon velours, sabots

  • mineur au Creusot, puis à Saint-Bérain
  • marié à Marie Lacour, Le Creusot, 26 février 1870, décédée à Saint-Bérain-sur-Dheune le 19 mars 1878, ils ont eu un fils Jean, né au Creusot le 18 février 1868
  • puis à Jeanne Pelier, Saint-Bérain-sur-Dheune, 17 mai 1884, ils ont plusieurs enfants, parmi lesquels Jean-Baptiste, le 1er mai 1885, Jeanne, le 7 juillet 1886, Marie, 5 janvier 1893
  • 3 mois (comme Jordery) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 3 mois (Jordery) (D)

Lamalle, Dominique, 38 ans,né le 10 septembre 1831 à Curgy (Saône-et-Loire), mort le 28 novembre 1894 à Firminy (Loire)

  • puddleur au Creusot
  • marié (le Creusot, 5 juin 1858) avec Jeanne Gueugnier (prénommée Eugénie lors des enquêtes ci-dessous), ils ont eu de nombreux enfants
  • il a fait l’objet, à la demande de sa femme, de deux enquêtes (1889-1890) « à l’effet de constater l’absence » (il est absent depuis 1870),
  • décédé « métallurgiste » à l’hospice de Firminy
  • absent aux deux procès, 2 ans (comme Lamable) (A), défaillant en appel, rien (D)

Lassagne [/ Lassaigne / Lasseigne], Claude, 32 ans, né le 5 février 1838 à Dancé (Loire), date de la mort inconnue (de nous) (il était vivant lors du décès de sa femme, le 20 juillet 1892)

1,65 m, nez moyen, bouche moyenne, barbe, cheveux et sourcils châtains, visage rond, front haut, teint ordinaire, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, 2 blouses bleues, paletot noir, gilet velours noir, pantalon drap noir, bottes

  • mineur au Creusot, puis à Sorbiers (Loire), (en 1876) à Graissessac (Hérault), puis à Saint-Étienne (en 1892)
  • né Lassagne, toujours Lassagne (mais il signe Lasseigne) lors de son mariage, est dit Lassaigne à Graissessac.
  • marié le 15 avril 1872, à Sorbiers (Loire) avec Marie Villemagne, 2 fois veuve
  • en 1876 (recensement de Graissessac) a un fils Alexandre de 9 ans (né hors mariage, ou d’un mariage précédent inconnu ?)
  • 3 mois (comme Lassaigne) (A), 
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 3 mois (Lassaigne) (D)

Mathieu, Jean, 29 ans,né le 12 octobre 1840 à Gueugnon (Saône-et-Loire), mort à Montceau-les-Mines, 10 juillet 1885

1,55 m, nez long, bouche grande, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, front haut, teint pâle, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, gilet coton bleu, paletot noir, souliers

  • mineur au Creusot, puis à Saint-Martin-d’Auxy (toujours au Creusot ?), puis à Montceau-les-Mines
  • marié avec Claudine Lasseigne (le 16 mai 1866, au Creusot), elle est décédée le  22 septembre 1867, toujours au Creusot,
  • puis avec (2 mars 1868) Anne Morlet [Morley], ils ont eu des enfants
  • 2 ans (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 18 mois (D)

Mougenot, Jean Nicolas, 59 ans, né le 25 décembre 1810 à Rignovelle (Haute-Saône), mort le 8 mars 1893 à Montceau-les-Mines,

1,65 m, nez gros, bouche grande, barbe, cheveux, sourcils châtains, menton rond, visage rond, front haut, teint brun, yeux bruns

chapeau noir, chemise blanche, blouse bleue, gilet violet, tricot noir, pantalon drap noir, brodequins

  • cultivateur, puis mineur au Creusot, puis à Montceau-les-Mines,
  • marié avec Jeanne Claude Boilliot/Boillod/Boillot ou Boyaud (Lantenot (Haute-Saône), le 8 novembre 1832) (elle est décédée à Montceau-les-Mines, le 6 mai 1875), ils ont eu 4 enfants: Auguste Julien (1833-1895), Marie Louise Joséphine (1837, Rignovelle-), Joseph Alphonse (1849, Lantenot-1872) (voir ci-dessous), Marie Hortense (1852, Lantenot-1894)
  • puis avec Marie Louise Pournin (veuve), (Montceau-les-Mines, 29 octobre 1877)
  • 6 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 2 mois (D)

Mougenot, Joseph Alphonse, 21 ans, né le 24 février 1849 à Lantenot (Haute-Saône), mort le 8 novembre 1872 à Montceau-les-Mines, « dans les travaux du puits houiller Sainte-Eugénie »

1,655 m, nez long, bouche grande, barbe naissante, cheveux, sourcils châtains, menton long, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, blouse bleue, gilet noir, pantalon noir, souliers

  • mineur au Creusot, puis à Montceau-le-Mines
  • marié (à Montceau-les-Mines, le 13 mai 1871) à Claudine Vacher
  • 6 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • acquitté (D)

Poisot, Emmanuel, 33 ans, né le 11 novembre 1836 au Creusot, date de la mort inconnue (de nous) (était toujours présent au Creusot lors du mariage de sa fille Philippine, le 29 juin 1901, mais se trouvait, s’il s’agit bien de lui, à l’hospice Saint-Henri au recensement de 1906)

1,698 m, nez gros, bouche grande, barbe noire, cheveux, sourcils, châtain foncé, menton rond, visage rond, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, blouse bleue, gilet noir, pantalon noir, pantalon bleu [sic], souliers

  • mineur au Creusot
  • marié (le Creusot, 3 août 1858) avec Jeanne Billebeau / Bilbeau. Ils ont sept enfants, Claude (1861), Philibert (1862), Anne (1868), Laurent (1870), Louis (1873), Philibert (1875), Philippine (1876)
  • 6 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 6 mois (D)

Poisot, Jean, 29 ans, né le 7 décembre 1840 au Creusot, mort le 9 février 1873 au Creusot

1,62 m, nez long, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, visage rond, front haut, teint frais, yeux bruns

casquette drap noir, chemise blanche, veste bleue, pantalon drap noir, souliers

  • mineur au Creusot
  • marié (Le Creusot, 1er décembre 1859) avec Emilande Dupart. Ils ont six enfants, Gabriel(1861), Marie (1862), Antoinette (1864), Charles (1867), Joseph (1869), Nicolas (1871)
  • d’après le Maitron, il a participé ensuite à la Commune du Creusot
  • 13 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 1 an (comme Poizot) (D)

Revillot, Jean, 39 ans, né le 26 octobre 1830 à Saint-Bonnet-de-Joux (Saône-et-Loire), mort à Montceau-les-Mines (?), vers 1901-1902?

1,58 m, nez long, bouche grande, barbe, cheveux, sourcils châtain foncé, visage long, front haut, teint brun, yeux bruns

casquette noire, blouse bleue, chemise blanche, gilet noir, pantalon noir, souliers

  • mineur au Creusot, puis à Montceau-les-Mines
  • membre de l’Association internationale des travailleurs selon André Jeannet (Maitron)
  • marié (Le Creusot, 12 novembre 1856) avec Marie Suchet, ils ont cinq enfants, Marie (1868), Louise (1865), Clémence (1867), Jean (1879, Montceau-les-Mines), Henri (1881, Montceau-les-Mines)
  • 6 mois (comme Réveillot) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 6 mois (Réveillot) (D)

Saunier [/Saulnier], François, 22 ans, né le 21 août 1847 à Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire), mort le 10 avril 1889 à Cordoba (Argentine),

1,65, nez pointu, bouche moyenne, barbe blonde, cheveux et sourcils châtains, visage rond, front haut, teint frais, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, gilet noir, blouse bleue, pantalon gris, sabots

  • mineur au Creusot, puis à Montceau-les-Mines, puis…
  • marié avec Jeanne Tissier, à Sanvignes-les-Mines, Saône-et-Loire, le 7 mai 1876 (elle est morte en 1884),  ils ont eu trois enfants à Montceau-les-Mines, Philippe (1877), Jean Claude (1878), Antoinette (1880)
  • puis avec Joséphine Jeanne Philomène Lothe-Godot, à Saint-Vincent-les-Bragny, Saône-et-Loire, le 16 mars 1885, ils ont eu un fils, Eugène Jean Marie (né à Perrecy-les-Forges, Saône-et-Loire, le 26 avril 1889-mort en 1915 à Achibaba (Turquie))
  • 13 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 1 an (D)

Seignovert, Augustin, 22 ans,né le 18 février 1848 à Rochepaule (Ardèche), date de la mort inconnue (de nous),

1,72 m, nez camard, bouche moyenne, barbe naissante, cheveux, sourcils châtains, menton rond, front haut, teint pâle, yeux bruns

casquette noire, chemise couleur, blouse bleue, gilet brun, pantalon brun, souliers

  • mineur au Creusot
  • pas d’autres traces
  • 3 ans (comme Signovert) (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 18 mois (Signovert) (D)

Vailleau, Claude, 28 ans, né le 2 août 1841 au Creusot, mort le 16 novembre 1901 à Paris 20e,

1,60 m, nez long, bouche moyenne, barbe, cheveux, sourcils châtains, visage long, front haut, teint pâle, yeux gris bleus

casquette noire, chemise couleur, tricot brun, blouse bleue, pantalon velours, souliers

  • mineur au Creusot, puis tourneur sur métaux à Paris
  • marié (Le Creusot, 31 août 1864) à Maria Elisabetha Leininger, d’où (au Creusot) Fanny (décédée à 4 ans le 28 mars 1870, père absent), Philiberte (1868-1869, Le Creusot), Claude (1870) (à Paris 15e), Marie Joséphine (1876)
  • 8 mois (A),
  • peine commencée le 9 avril, transféré à Dijon le 10 avril
  • 6 mois (D)

Vailleau, Jeanne, 38 ans, née le 11 mai 1832 à Saint-Symphorien-de-Marmagne (Saône-et-Loire), morte le 9 février 1897 au Creusot,

  • épouse au Creusot,  le 3 janvier 1855, Antoine Mercier, mineur, né à Saint-Sernin-du-Bois (Saône-et-Loire) le  31 août 1831-mort au Creusot le 5 mai 1895, ils ont quatre enfants, Marie (1861), François (1864), Pierrette (1868), Pierre (19 juillet 1871)
  • déjà relaxée ou renvoyée, selon les sources (A), rien (D)

Pour terminer, les noms

  • des magistrats instructeurs, Jean Marie Claude Roidot, né à Autun le 13 novembre 1815, mort dans cette ville le 22 mars 1893, et qui y fut procureur du 31 octobre 1855 au 30 juillet 1870; Léon Des Étangs, né à Paris le 8 août 1823 et mort dans cette ville le 26 décembre 1895, juge à Autun du 9 mai 1866 au 8 décembre 1871; Jean Louis Duruisseau, né à Château-Chinon le 27 février 1822, mort à Dijon le 17 novembre 1882, juge d’instruction à Autun du 7 janvier 1863 au 31 janvier 1872
  • du gardien-chef d’Autun, qui est l’auteur des signalements ci-dessus, Claude Della Jogna, né à Mâcon le 4 septembre 1811 et mort à Autun le 26 novembre 1880.

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C’est Théophile Steinlen qui a représenté cette caisse de grève, pour L’Assiette au beurre, des années après les grèves du Creuzot (il avait 10 ans en avril 1870) mais elle était d’actualité par anticipation. Je l’ai trouvée sur Gallica, là.

Jean-Pierre Bonnet et moi-même remercions chaleureusement les archives de Saône-et-Loire pour les renseignements qu’elles nous ont donnés.