Sur ce site, le mois de juillet va être très « littéraire ».
Commençons par les livres récents.
Il y en a eu quelques-uns!
J’en ai lu beaucoup — pas tous, mais beaucoup quand même.
J’en ai acheté plusieurs.
Des auteurs m’en ont envoyé. Ou me les ont donnés de la main à la main.
Des éditeurs m’en ont envoyé aussi. Un grand merci à eux!
Un auteur m’a dit qu’il ne me l’envoyait pas, que ce n’était pas assez bien pour moi (???).
Un éditeur m’a dit qu’il le ferait et il ne l’a pas fait.
J’ai quand même acheté ces deux livres. C’était au début de l’année…
Tant pis.
Un auteur m’a dit que son éditeur était trop petit pour pouvoir m’envoyer un exemplaire. J’ai pensé à mon (petit) éditeur, Libertalia, à l’éditeur (petit) d’Éloi Valat, Bleu autour, et je me suis félicitée de leur générosité (payante pour eux, d’ailleurs!). Alors je l’ai demandé à mon (petit) libraire, qui a beaucoup ri en apprenant que cet éditeur était « petit », je l’ai acheté, et même, je l’ai lu!
J’ai écrit quelques articles sur certains de ces livres récents (voir la catégorie « Livres »). Seulement sur ceux que j’avais lus et que j’aimais. Je n’écris pas sur les livres que je n’ai pas lus. Je n’écris pas sur les livres que je n’aime pas, même si c’est un peu gênant quand l’éditeur me l’a gentiment envoyé — mais à quoi bon faire de la publicité à un mauvais livre? Il y a aussi ceux que j’ai acquis (d’une façon ou d’une autre) trop tard, comme celui de Jean-François Dupeyron sur l’école, sur lequel j’écrirai peut-être quelque chose, plus tard…
J’ai aussi lu des critiques écrites par d’autres. J’avais moi-même deux livres parus et, oui, je lis les articles sur mes livres ! Dans la même page, parfois dans le même article que la mention de l’un ou l’autre des miens, souvent des mots sur d’autres.
Les livres le plus encensés par la presse sont des gros livres illustrés, de trois cent cinquante pages de papier épais à mille quatre cent quarante pages de papier fin. Je comprends bien pourquoi. C’est très pratique, un gros livre illustré: il suffit de le feuilleter, de regarder les images, parfois les auteurs font autorité, dans tous les cas, on peut dire du bien du livre sans se fatiguer à le lire vraiment. Évidemment, les lecteurs qui auront acheté le livre et voudront le lire seront peut-être surpris (et déçus) de lire des énormités comme
En 1812, c’est le retour d’un roi, Louis-Philippe,
d’apprendre que l’ancien délégué aux finances de la Commune
a prononcé un discours lors de l’enterrement de Victor Hugo au nom de la presse parisienne
ou que
En décembre 1848, c’est à nouveau la République, pas pour longtemps.
Hélas, il n’y a pas de service après vente. Il n’y a plus qu’à enterrer le livre dans sa bibliothèque. De toute façon, quand vous voudrez un renseignement sur telle ou tel communarde, il est à la fois plus commode et plus sûr de consulter le Maitron en ligne, qui a (beaucoup) plus d’articles que n’importe quelle « encyclopédie ». En plus, les articles en ligne sont corrigés et mis à jour!
Il est vrai qu’il y a gros livre et gros livre. Je pense au Dictionnaire de la Commune, de Bernard Noël. C’est autre chose. Le feuilletage n’y suffit pas : il n’y a même pas d’images! Un frontispice d’Ernest Pignon-Ernest, pourtant. C’est un peu comme un roman. Pour en parler, il faut le lire. C’est peut-être pour ça qu’on en a peu parlé.
Et nous voilà arrivés aux romans. Je n’en ai vu que deux dans les parutions de ce printemps, Jetés aux ténèbres et Josée Meunier 19 rue des Juifs. J’ai d’ailleurs déploré qu’il y ait si peu de romans dans La Commune des écrivains.
Tout ça m’a pourtant donné envie d’en parler, des romans et de la Commune. Je n’ai pas dit des romans « sur » la Commune. En effet, je ne crois pas qu’on puisse écrire de roman « sur » la Commune. « Sur » la Commune — ou plus généralement « sur » un événement historique, on fait de l’histoire. Un roman, un film, un œuvre d’art, c’est autre chose.
Ce que je veux dire, c’est qu’on ne peut pas transposer en roman une réalité historique. Pourtant, des « romans » qui le font, j’en ai plein ma bibliothèque, dont beaucoup sont exécrables (il y a beaucoup de livres exécrables sur la Commune, mais c’est seulement des romans qu’il est question ici), publiés souvent à compte d’auteur ou presque. Je les possède parce que l’auteure a insisté pour que je le lui achète et que je n’ai pas su dire non, ou qu’il me l’a envoyé en espérant que je lui ferai de la publicité. Toujours parce que ces auteurs « aiment » la Commune. Gardez-moi de mes amies!
Ce n’est pas de ceux-ci que je veux parler en ce moi de juillet, qui va être, je le répète, littéraire — je ferai pourtant une exception, pour un mauvais roman un peu exceptionnel (le 18 juillet).
Mais je vais commencer par un très bon, Les Massacres de Paris de Jean Cassou — où l’on verra ce que c’est que la « réalité historique » d’un roman. Ce sera dans huit jours seulement (le 14 juillet) parce que, entre temps (le 10 juillet), je vais revenir au cent cinquantenaire (de 1871)… sans quitter la littérature.
*
Le poème dans ma bibliothèque, formé de poèmes de n vers de n mots, que vous voyez au fond de la photo, est dû à mon ami Ian Monk. Il est en partie masqué par quelques-uns des livres auxquels j’ai pensé avec plus ou moins de plaisir en écrivant cet article, en évitant bien entendu les vraiment mauvais — j’assume le flou (artistique, naturellement!) de la photographie –, dont j’espère n’oublier aucun dans la liste ci-dessous.
Livres photographiés ou mentionnés
(pour faire simple, par ordre alphabétique des auteurs)
Audin (Michèle), La Semaine sanglante. Mai 1871, Légendes et comptes, Libertalia (2021), — Josée Meunier 19 rue des Juifs, L’arbalète-Gallimard (2021).
Bantigny (Ludivine), La Commune au présent Une correspondance par-delà le temps, La Découverte, 2021.
Berthet (Sandrine), Jetés aux ténèbres, Les éditions du Sonneur (2021).
Cassou (Jean), Les Massacres de Paris, Gallimard (1935).
Cordillot (Michel) (coord.), La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, L’Atelier (2021).
Chuzeville (Julien), Léo Frankel, communard sans frontières, Libertalia (2021).
Dupeyron (Jean-François), À l’école de la Commune de Paris, Raison et Passions (2020).
Godineau (Laure), La Commune expliquée en images, Le Seuil, 2021.
Le Tréhondat (Patrick) et Mahieux (Christian), La Commune au jour le jour Le Journal officiel de la Commune de Paris (20 mars-24 mai 1871), Syllepse (2021).
Mangion (Philippe), Louise Michel Jeunesse, Chaînes-de-caractères.com (2020).
Marx (Karl) et Engels (Friedrich), Sur la Commune de Paris, Textes et controverses, précédé de Événement et stratégie révolutionnaire, par Stathis Kouvélakis, éditions sociales, 2021.
Noël (Bernard), Dictionnaire de la Commune, Flammarion (1978), réédition L’Amourier (2021).
Robert (Jean-Louis), Trébor (Carole), Gobbi (Nicola), Rouges estampes Une enquête pendant la Commune de Paris, Steinkis (2021).
Valat (Éloi), Dessiner la Commune, Bleu autour (2021).