Le titre complet du livre est La Commune de Paris Théophile Ferré (1846-1871) Une vie au service de la Révolution.

C’est un livre sur Théophile Ferré, et en même temps, une histoire très « blanquiste » de la Commune de Paris. Mais pourquoi pas? Assez injustement, et comme à la suite du Conseil de guerre qui l’a condamné à mort, on parle le plus souvent de Ferré comme d’un révolutionnaire intransigeant, voire sanguinaire. Avec chaleur, Stéphane Rayssac montre dans son livre un jeune homme — Théo Ferré avait vingt-cinq ans en 1871 — à la personnalité riche et sensible, confirmant les yeux noirs très doux dont se souvenait Maxime Vuillaume.

J’avoue me sentir plus à l’aise avec les aspects « internationalistes » qu’avec les aspects « blanquistes » de l’histoire des années 1860-1871. Pourtant Théophile Ferré et ses amis blanquistes ont joué un rôle important dans le mouvement révolutionnaire à la fin du second empire — et pendant la Commune, bien sûr.

Pour cet article, je reprends une chronologie de Théophile Ferré, comme dans le livre, et j’ajoute des liens sur les articles de ce site dans lesquels son rôle est évoqué.

Il est né à Levallois, il vit dès 1864 dans le dix-huitième arrondissement, il est comptable, il se lie d’amitié avec Raoul Rigault, il est emprisonné à Sainte-Pélagie après une manifestation sur la tombe de Baudin en novembre 1868, il participe aux réunions publiques autorisées depuis 1868, par exemple il préside celle du 17 février 1869 rue de Lévis, c’est peut-être à la suite de celle-ci qu’il est à nouveau envoyé à Sainte-Pélagie et c’est là qu’il rencontre Flourens, mais c’est en en sortant qu’il rencontre Louise Michel, comme ses amis blanquistes il est à l’enterrement de Victor Noir, il est arrêté à la fin de mars 1870 et enfermé à Mazas, il est « jugé » au procès « du complot », à Blois, en juillet 1870 (moins bien traité sur ce site que le procès de l’Internationale quelques semaines plus tôt) où il est acquitté (malgré des menaces contre les juges), (bizarrement, le livre ne mentionne pas l’opération blanquiste de la Villette en août 1870), il est devant l’Hôtel de Ville le 4 septembre 1870, il s’engage dans le 152e bataillon de la Garde nationale dont il sera commandant, il est peut-être place de l’Hôtel-de-Ville le 31 octobre, il anime le comité de vigilance de Montmartre, il participe au Comité central des Vingt arrondissements et est signataire de l’Affiche rouge de janvier 1871, il est avec son bataillon devant l’Hôtel de Ville le 22 janvier, il est actif à Montmartre avec le comité de vigilance le matin du 18 mars, essaie d’empêcher l’exécution des généraux ce jour-là, il demande qu’on marche sur Versailles le 23 mars, il est élu à la Commune le 26 mars par son arrondissement, le dix-huitième, il est le benjamin des membres de cette assemblée, il entre dans la commission de Sûreté générale, avec Rigault, il fait donc la police, il vote pour le Comité de Salut public, il est substitut du procureur à partir du 1er mai, il est un des nombreux membres de la Commune sur les barricades pendant la Semaine sanglante, il est boulevard Voltaire le jeudi 25 mai 1871 où il embrasse Vermorel blessé, il est fusillé plusieurs fois pendant la Semaine sanglante, il est pourtant sur une des dernières barricades, rue de la Fontaine-au-Roi, avec son frère Hippolyte, Eugène Varlin, Ferdinand Gambon et d’autres, le 28 mai 1871, son père est arrêté, sa mère, rendue folle par les Versaillais qui le recherchent, lui, meurt à Sainte-Anne en juillet 1871, il est « jugé » avec les membres de la Commune par un Conseil de guerre qui utilise contre lui un faux grossier, le célèbre « Flambez finances », devant lequel il est d’une grande dignité et assume ses actes, et qui le condamne à mort le 2 septembre, on n’imagine pas les calomnies que les Versaillais ont écrites, pendant l’été 1871 André Léo les stigmatise, lui et son ami Rigault, dans un discours en Suisse (ce que Descaves lui reproche), il est fusillé le 28 novembre à Satory, ainsi que Rossel et Bourgeois, Manet assiste à leur exécution, sa sœur Marie récupère son corps, qui est enterré à Levallois

Le livre donne beaucoup de détails passionnants, issus principalement du compte rendu du Conseil de guerre, des archives de la préfecture de police, et des procès verbaux des réunions de la Commune.

Livres utilisés

Rayssac (Stéphane)La Commune de Paris Théophile Ferré (1846-1871) Une vie au service de la Révolution, Éditions universitaires du Sud (2018).

Vuillaume (Maxime)Mes Cahiers rouges Souvenirs de la Commune (avec un index de Maxime Jourdan), La Découverte (2011).

Troisième conseil de guerreProcès des membres de la Commune, Versailles (1871).

Bourgin (Georges) et Henriot (Gabriel)Procès verbaux de la Commune de Paris de 1871, édition critique, E. Leroux (1924) et A. Lahure (1945).