Influencée par Jules Vallès — mais pas seulement — j’ai consacré à l’Affiche rouge du 6 janvier 1871 un des premiers articles de ce site. On y trouvait la liste des cent quarante signataires, sous forme d’un lien vers un fichier pdf. Pour aujourd’hui, j’ai repris cette liste, j’y ai corrigé quelques fautes de frappe, et j’ai pourvu chacun de ces hommes (c’en sont) d’un lien vers la notice du Maitron le concernant. Dans bien des cas, ce dictionnaire biographique ne sait rien de plus que le fait que l’homme a signé cette affiche. Comme ces notices évoluent, il se pourrait que telle ou telle d’entre elles s’enrichissent au cours du temps…
Vingt-neuf (plus d’un cinquième) d’entre eux ont été élus, deux mois et demi plus tard, à la Commune. Je les ai indiqués par une astérisque.
Beaucoup ont été assassinés pendant la semaine sanglante (ou avant, comme Émile Duval)… peut-être est-ce le cas de plusieurs des inconnus?
ANSEL [Armand Ansel, peintre sur porcelaine, un des condamnés du troisième procès de l’Internationale],
Antoine ARNAUD* [que nous avons vu souvent dans La Marseillaise, où il écrivait des articles sur les travailleurs des chemins de fer, élu par le troisième arrondissement à la Commune],
Edm. AUBERT [nous avons vu Edmond Aubert, avec le qualificatif « gazier », signer une protestation de l’Association internationale (voir notre article du 26 novembre)],
BABICK* [Jules Babick, élu par le dixième arrondissement à la Commune],
BAILLET père [Simon Baillet],
A. BAILLET [Auguste Baillet],
BEDOUCH [Jean Bedouch],
CH. BESLAY* [Charles Beslay, représentant du peuple en 1848, ami de Proudhon, banquier, un des premiers membres de l’Association internationale, rencontré sur ce site ici ou là, le 26 novembre notamment, élu à la Commune par le sixième arrondissement],
Casimir BOUIS [nous avons rencontré Casimir Bouis souvent, comme fidèle de Blanqui et journaliste à La Patrie en danger, il a été ensuite du Cri du Peuple — et auteur de la phrase de ce journal qui fut un des prétextes de la condamnation à mort de Vallès…]
V. BOYER [Vincent Boyer, un des condamnés du troisième procès de l’Internationale],
Gabriel BRIDEAU [nous connaissons Gabriel Brideau, un des condamnés de l’affaire de La Villette et un des rédacteurs de La Patrie en danger, qui a été commissaire de police sous la Commune],
L. CARIA [nous avons vu Léopold Caria collaborer, lui aussi, à La Patrie en danger],
CHAMPY* [Henry Champy, élu à la Commune par le dixième arrondissement],
CHARBONNEAU [Pierre Charbonneau, menuisier, un des condamnés du deuxième procès de l’Internationale, dont nous avons lu dans un autre article une admirable remarque durant ce procès, un communard comme je les aime]
CHARDON* [Jean-Baptiste Chardon, chaudronnier, un des condamnés du troisième procès de l’Internationale, élu à la Commune par le treizième arrondissement],
Eugène CHATELAIN [l’homme de 1848, le poète, celui peut-être qui embellit le génie de la liberté, une des pierres de touche du comité des vint arrondissements…],
CHAUVIÈRE [qui a signé, un peu plus tard, la première affiche du Comité central de la garde nationale, voir notre article du 4 mars prochain],
CLAMOUSSE [Pierre Clamouse, Il y a bien Clamousse, avec deux S, sur l’affiche rouge],
A. CLARIS [Aristide Claris, qui a contribué au Cri du Peuple],
CLÉMENCE* [il s’agit bien sûr de notre ami Adolphe Clémence, le relieur et vieil internationaliste, dont nous avons lu le journal (dans cet article et les suivants), qui a été élu du quatrième à la Commune, etc., etc.],
Lucien COMBATZ [nous avons peut-être rencontré sa femme le 9 octobre rue d’Arras… mais le Maitron ignore ce genre de détails],
DEMAY* [Antoine Demay, statuaire, nous le verrons au conseil fédéral de l’Association internationale des travailleurs, élu du troisième à la Commune],
P. DENIS [Il s’agit bien sûr de Pierre Denis, le journaliste ami de Vallès dont nous avons lu des articles depuis 1867, et qui a été une des chevilles ouvrières du Cri du Peuple],
DEREUX [et celui-là est Émile Dereux, celui de « Paris pour un beefsteak » (voir notre article du 15 novembre) et qui fut, peu de temps, commissaire dans le onzième (voir notre article du 22 novembre)],
DUPAS [Eugène Dupas, médecin, ou pharmacien, dont nous avons évoqué un discours proudhonien et imbécile sur les femmes, et même rencontré le fils au début de la semaine sanglante],
DUVAL* [Émile Duval, une des vedettes de ce site, fondeur de fer, blanquiste et internationaliste, condamné au troisième procès de l’Internationale, organisateur du treizième arrondissement, et élu de cet arrondissement à la Commune, nous avons lu des lettres à sa femme, nous avons lu l’histoire de sa mort, et nous continuons à déplorer que rien ne porte son nom dans le treizième],
F. FÉLIX [Ferdinand Félix],
Jules FERRÉ [je ne vois pas de lien avec Théophile Ferré],
TH. FERRET* [Théophile Ferré, bien sûr, sur lequel nous avons lu un livre, dont nous avons souvent évoqué la sœur Marie, qui n’était ni bossu ni laid, qui était élu à la Commune par le dix-huitième, qui était sur une des dernières barricades à la fin de la semaine sanglante, et qui a été exécuté le 28 novembre 1871 à Satory],
FLOTTE [Benjamin Flotte, cuisinier et très ancien ami de Blanqui],
FRUNEAU* [Julien Fruneau, élu à la Commune par le douzième arrondissement mais il en démissionna le 31],
L. GARNIER [que je n’ai pas trouvé dans le Maitron],
M. GARREAU [Maurice Garreau, serrurier, un des accusés du procès de Blois, pendant la Commune directeur de prison, assassiné à Mazas pendant la semaine sanglante, son histoire est connue grâce à sa femme Marie Mercier et à Victor Hugo (voir par exemple Comme une rivière bleue)],
GENTILINI [Raphaël],
Ch. GÉRARDIN* [Charles Gérardin, élu à la Commune par le dix-septième arrondissement],
Eug. GÉRARDIN* [Eugène Gérardin, élu à la Commune par le quatrième arrondissement], ,
Albert GOULLÉ [nous avons rencontré souvent Albert Goullé à la rédaction de La Patrie en danger],
GROT,
Fortuné HENRY* [élu à la Commune par le dixième arrondissement, nous avons évoqué son fils Émile Henry à propos de Félix Fénéon],
HOURTOUL [Paul],
Alph. HUMBERT [Nous avons rencontré ce jeune journaliste à La Marseillaise, il fut surtout l’un des trois rédacteurs du Père Duchêne (voir par exemple ici) avant la Nouvelle-Calédonie et une carrière politique au retour],
JOHANNARD* [Jules Johannard, fleuriste et internationaliste, un des condamnés du troisième procès, réputé rigolo, élu à la Commune le 16 avril par le deuxième, sur les barricades pendant la semaine sanglante],
Michel JOLY [je ne l’ai pas trouvé dans le Maitron],
LACORD [nous connaissons Émile Lacord, le cuisinier internationaliste, celui du club de l’École de médecine et du journal La Lutte à outrance],
LAFARGUE [il ne s’agit pas de Paul Lafargue, qui était à Bordeaux];
A. LALLEMENT [serait-ce un ancêtre de notre Galliffet?],
F. LEMAITRE [Frédéric Lemaître — mais pas le comédien],
E. LEVERDAYS [Émile Leverdays, selon Vallès, il est un des rédacteurs de l’affiche],
Armand LÉVY [président du club de l’École de médecine, internationaliste],
LUCIPIA [Louis Adrien Lucipia, que nous avons croisé une fois ou l’autre],
MALON* [Benoît Malon est, lui aussi, un habitué de ce site, notamment grâce à ses articles quasi-quotidiens sur le socialisme ou la grève du Creuzot dans La Marseillaise, son élection comme adjoint au dix-septième arrondissement, sa participation à l’Association internationale et à son deuxième et son troisième procès, son chant socialiste, sa participation à la Commune et à sa minorité, etc., etc.],
J. MARTELET* [Jules Martelet, un internationaliste dont nous avons peu parlé, élu à la Commune par le quatorzième, cité ici pour son intervention dans le débat sur les ouvriers boulangers],
Constant MARTIN [un internationaliste dont nous avons peu parlé, mais dont les archives sont à la source du livre de Dautry et Scheler — abondamment utilisé ici],
Léon MEILLIET* [sous telle ou telle orthographe, Léo Meillet est apparu ici comme élu du treizième arrondissement, en novembre 1870… puis à la Commune le 26 mars],
Dr Tony MOILIN [De ce médecin oculiste du sixième arrondissement, nous avons surtout évoqué l’assassinat dans le jardin du Luxembourg, ici ou là],
J. MONTELS [Jules Montels],
MYARD [un disparu de la semaine sanglante…],
NAPIAS-PIQUET [assassiné pendant la semaine sanglante],
Émile OUDET* [très présent dans l’actualité du siège, élu par le dix-neuvième arrondissement en novembre, puis à la Commune, il s’est battu et a été blessé pendant la semaine sanglante],
PARISEL* [François Parisel, élu à la Commune par le septième et responsable de la délégation scientifique],
H. PIEDNOIR [Hector Piednoir],
PILLOT (docteur)* [Jean-Jacques Pillot, un des « vieux » de la Commune, élu le 16 avril par le premier arrondissement],
PINDY* [Bien sûr que nous connaissons le menuisier Jean-Louis Pindy, brestois internationaliste et condamné au troisième procès, élu à la Commune par le troisième et réputé incendiaire de l’Hôtel de Ville le 24 mai],
PUGET* [Ernest Puget, élu à la Commune par le dix-neuvième arrondissement],
D.-TH. RÉGÈRE* [Dominique Régère, élu à la Commune par le cinquième],
Aristide REY [nous l’avons aperçu ici ou là, et notamment au mariage de Marie Iatskevitch],
J. RICHARD [Si je lis bien Dautry et Scheler, à la réunion du 6 janvier, il fut blâmé parce qu’il s’était chargé d’afficher dans le seizième et deux autres arrondissement],
Édouard ROULLIER [que nous avons croisé, lui aussi, ici ou là],
TH. SAPIA [Théodore Sapia, un des accusés de Blois, une des victimes de la fusillade du 22 janvier, dont nous connaissons la femme],
Salvador DANIEL [Francisco Salvador Daniel, notre musicien communard, auteur à La Marseillaise, assassiné pendant la semaine sanglante],
SICARD* [Auguste Sicard, élu à la Commune par le septième arrondissement le 16 avril],
TARDIF [le mari d’Octavie Tardif, que nous avons vue plusieurs fois à l’automne dans La Patrie en danger, qui fut ensuite de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés],
TREILLARD [Camille Treillard, qui dirigea l’Assistance publique pendant la Commune et fut assassiné pendant la semaine sanglante],
THEISZ* [Albert Theisz, élu à la Commune par le douzième, est mon communard préféré, à l’heure où j’écris, il est dans quatre-vingt-quatre articles de ce site, j’ai même réussi à lui récrire une notice dans le Maitron… et si vous ne comprenez pas pourquoi, lisez donc ce texte bouleversant!],
TRIDON* [Gustave Tridon, blanquiste parmi les blanquistes et comme tel rencontré à La Patrie en danger, auteur de l’affiche dont il est question ici, bientôt député, puis démissionnaire, élu ensuite à la Commune par le cinquième arrondissement, et mort de maladie pendant l’été 1871],
URBAIN* [Raoul Urbain, élu à la Commune par le septième arrondissement],
VIARD [Pompée Viard, bientôt membre du comité central de la garde nationale],
ED. VAILLANT* [un des artisans du comité des vingt arrondissements, que nous avons croisé plusieurs fois, élu à la Commune par le huitième arrondissement, voir la notice du Maitron pour le reste],
Jules VALLÈS* [je n’en dirai pas plus!],
*
L’Affiche rouge coïncide avec les premiers bombardement prussiens sur Paris. Ce que représente la gravure de couverture, près du cimetière Montparnasse. Elle est parue dans L’Illustrated London news, mais je l’ai copiée dans le livre de Dayot.
Livres cités
Dautry (Jean) et Scheler (Lucien), Le Comité central républicain des vingt arrondissements de Paris, Éditions sociales (1960).
Dayot (Armand), L’Invasion, Le siège, la Commune. 1870-1871. D’après des peintures, gravures, photographies, sculptures, médailles autographes, objets du temps, Flammarion (s.d.).
Cet article a été préparé en août 2020.